L'Iliade d'Homère

Publié le par Walpurgis

Récit mythologique

Traduction : Paul Mazon

Edition : Les Belles Lettres

Date de parution : 2019

Nombre de pages : 663

Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pelée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel - pour l'achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d'abord divisa le fils d'Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille.

L'Iliade est pour moi un souvenir d'enfance encore très vivace. j'avais la version des éditions Fernand Nathan couplée à L'Odyssée. Le livre était en fait composé d'extraits des deux histoires avec des illustrations colorées.

J'avais désormais envie de relire ce texte en version complète et les éditions Les belles lettres bénéficient d'une excellente réputation qui m'a fait arrêter mon choix. Dans cette édition, la préface de Paul Mazon apporte un plus indéniable. Elle explique la possible origine du texte, les changements apportés par les homérides et la transition d'un texte oral en texte écrit. Ces données apportent un éclairage intéressant sur le texte que ce soit sur la rythmique (on sent une oralité certaine en lisant), les répétitions qui engagent le spectateur/lecteur (on sent venir les événements selon un schéma construit). Le lecteur est donc invité à prendre connaissance du texte en le recontextualisant, ce qui n'est pas négligeable surtout qu'il est séculaire.

Cette relecture m'a toutefois réservé quelques surprises. Les souvenirs surtout les plus lointains sont souvent biaisés et il est à noter comme je l'ai dit ci-dessus que je n'avais jamais eu accès au texte intégral. Ce qui m'a sauté particulièrement aux yeux, c'est la violence décrite : les os broyés, les organes perforés, la sauvagerie et la cruauté des hommes. La seconde chose c'est qu'avec ma lecture couplée avec L'Odyssée, qui comporte des événements de la guerre de Troie, je ne pensais pas que le texte se finissait avant la fin de la guerre. je pensais que le passage sur Ajax le Petit ou encore l'épisode du cheval faisaient partie de L'Iliade. Mis à part cela, le plaisir de retrouver ce texte était évident. Le style entre écrit et oralité me plaît beaucoup même si on échappe à de longues listes de noms ou d'équipements guerriers mais c'est aussi ce que j'aime dans les vieux textes, ce côté désuet si reconnaissable.

Quant à l'histoire, je la connaissais donc déjà. Je pense qu'il est mieux d'avoir quelques connaissances en mythologie grecque car le récit fait référence à d'autres héros hors L'Iliade de façon récurrente. ce n'est pas handicapant mais avoir un certain bagage est plutôt appréciable. Le texte est un récit épique avec de grands exploits guerriers de héros humains qui réagissent selon leurs passions et leurs convictions. Beaucoup de ces hommes font preuves d'hubris qui les mène à leurs pertes. Les femmes ne font que de rares apparitions mis à part les divinités Héré et Athénée qui ont un rôle majeur. En parallèle de la guerre humaine, se déroule la théomachie, la guerre des dieux qui règlent leurs comptes en optant pour un camp ou un autre. Seul Zeus incarne l'équilibre et l'équité tel le patriarche et protecteur qu'il incarne. Le point fort de la mythologie grecque est que les divinités sont de nature humaine, elles aussi sont définies par leurs sentiments et n'ont pas forcément plus de sagesse que certains humains. Dans ce récit, Homère en joue brillamment avec des passages superbes où les humains sous protection divine rivalisent avec les dieux.

Toutefois il ne faut pas oublier que le thème premier est une guerre d'honneur. Le point de départ est l'enlèvement d'Hélène, femme de Ménélas, par Alexandre (la forme Pâris est aussi mais moins utilisée ici). L'homme bafoué appelle à l'aide les rois grecs pour récupérer sa femme. Les Achéens sont donc dans leur bon droit pour aller guerroyer à Troie. Autant le dire tout de suite, Homère donne très peu la parole à Hélène qui ne fait que se lamenter sur ses malheurs. On ne sait pas ce qu'elle veut mis à part qu'elle fera ce que le destin lui donnera. Quant aux hommes, cette expédition est aussi un moyen d'acquérir des richesses et des esclaves. Il ne faut pas oublier que l'histoire débute alors que les armées entament la 10e année de conflit, ce qui n'est pas forcément une évidence lors de la lecture. Et comme tous ces hommes sont humains, ils font des erreurs, des bonnes actions et des choses horribles. Si le destin tient une grande place dans leur vie, ils ont toutefois la possibilité de faire des choix. Alors en tant que lecteur, on se délecte d'aimer tel personnage et de détester tel autre sans aucune culpabilité car aucun n'est parfait.

Texte fondateur de l'Antiquité grecque, L'Iliade est une épopée guerrière incroyable qui a traversé les siècles sans perdre de son intérêt. Des héros passionnants, des dieux plus qu'humains et une guerre à couteaux tirés font de ce récit une lecture plaisante. Malgré quelques défauts inhérents à sa sécularité, ce récit épique a tout pour vous emporter.

 

 

 

Publié dans Mythologie

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