Circé de Madeline Miller
Roman mythologique
Format poche
Traduction : Christine Auche
Edition : Pocket
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 549
Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Dans L'Odyssée, Circé a l'image d'une méchante magicienne. Elle transforme les hommes d'Ulysse en pourceaux et ce n'est que par sa ruse que le grec arrive à la tromper. D'elle on sait finalement peu de choses, par ce roman Madeline Miller lui donne la parole.
Circé est le mouton noir de sa famille divine. Sa beauté est banale, elle a une voix de mortelle et a priori aucun don. Sa fratrie la méprise mis à part le jeune Aètés qu'elle élève presque. Sa vie va connaître un premier bouleversement avec la venue de Prométhée, le Titan puni pour avoir donné le feu aux mortels. Circé comprend alors son individualité et surtout que divinités et mortels sont les jouets des dieux.
Dès lors la jeune femme va vivre selon ses envies et penser de façon indépendante. Mais sa naïveté va lui jouer des tours et Circé vivra de nombreuses déceptions. La découverte de ses dons de sorcellerie sera une échappatoire bienvenue mais lui vaudra l'exil sur une île isolée.
Évidemment, j'avais hâte de voir la rencontre mythique de Circé et d'Ulysse. La magicienne vit une relation amoureuse sans fard, croit-elle, avec le héros. Le personnage d'Ulysse est complexe, tortueux et sa personnalité reste au centre du récit bien après qu'il disparaisse des pages. Mais d'autres moments sont de purs régals : Circé et Pasiphaé en Crète, la rencontre avec Médée et Jason, la désillusion sur Glaucos...
Avec ce roman, l'autrice nous offre un très beau portrait de femme. Circé a beau être une divinité, elle est ici une sorte de citoyenne de seconde zone un peu trop gênante pour sa famille et les dieux olympiens. Son désir de vivre à sa guise, son émancipation en tant que femme et divinité seront toujours contrecarrés par quelqu'un ou quelque chose. Il est passionnant de suivre son évolution et voir la femme acquérir de l'expérience et prendre conscience qu'être femme, même divine, ce n'est pas être l'égale d'un homme. Ce parcours initiatique de jeune nymphe naïve à sorcière redoutée est intéressant et ravira les fans de mythologie ou les amoureux de portraits bien faits. De la même autrice, je vous conseille Le chant d'Achille, réécriture de l'histoire du héros grec et de son ami Patrocle.