La guerre civile espagnole de Paul Preston et José Pablo Garcia

BD historique

Traduction : François Rodolphe

Edition : Belin

Date de parution : 2017

Nombre de pages : 239

Quatre-vingts ans après le coup d'État du général Franco, le dessinateur José Pablo García adapte le livre de Paul Preston, La guerre civile espagnole, au format bande dessinée. Cet ouvrage de Paul Preston, historien britannique mondialement reconnu, est l'un des textes de référence sur le conflit qui a ravagé l'Espagne entre 1936 et 1939 et qui a marqué le reste du XXe siècle. En reconstituant le réseau complexe des confrontations militaires avec précision et lucidité, cette bande dessinée constitue un ouvrage essentiel pour aborder la violente réalité vécue par ce pays. Preston nous offre une histoire en images qui vise à transmettre aux nouvelles générations l'histoire commune de cette tragédie collective, mais surtout à aider à préserver la mémoire de ce qui est arrivé en cette veille de la Seconde guerre mondiale.

Je vais commencer cette chronique en parlant du point négatif qui m'a enquiquiné tout au long de ma lecture : les coquilles !!! Des mots qui manquent, des fautes, quel dommage de devoir supporter ça sur une BD de cette qualité. Mon coup de gueule est passé, parlons de cette BD !

Cette BD est avant tout historique. Elle reprend l'histoire de l'Espagne d'avant 1931 jusqu'à la dictature de Franco. Grâce à cette chronologie commencée avant la guerre, le lecteur peut appréhender le contexte dans lequel arrivera la guerre civile. On ne suit pas de personnage particulier, c'est un travail historique et aussi un devoir de mémoire. Les faits sont présentés tels qu'ils étaient.

En neuf chapitres, tout nous est conté avec pas mal de détails. Si vous voulez en apprendre plus sur ce conflit sans lire un travail académique pour débuter, cette BD est une excellente entrée en matière. Les planches sont bien conçues, les couleurs dominantes sont l'orange, le noir et le blanc donnant une atmosphère morose qui sied à la situation. L'accent a été mis sur le texte qui comporte beaucoup d'informations : points de vue des deux camps ou d'autres pays, beaucoup de dates, les différents partis... Personnellement j'ai pris énormément de notes car la situation complexe de l'échiquier politique plus quelques sauts chronologiques peuvent égarer le lecteur.

J'ai donc beaucoup appris avec cet ouvrage toutefois comme l'a si bien écrit George Orwell :""Au cas où je ne vous l'aurais pas déjà dit précédemment au cours de ce livre, je vais vous dire à présent ceci : méfiez vous de ma partialité, des erreurs sur les faits que j'ai pu commettre, et de la déformation qu'entraîne forcément le fait de n'avoir vu qu'un coin des événements. Et méfiez-vous exactement des mêmes choses en lisant n'importe quel autre livre sur la guerre d'Espagne."

En effet les thèses de Paul Preston sur la guerre civile espagnole font polémique. Historien de gauche et défenseur de la Seconde République espagnole, d'autres historiens ou spécialistes de la période lui reprochent un manque de partialité dans ses thèses particulièrement sur les massacres perpétrés dans les deux camps. 

Toutefois il serait dommage de se priver de cette BD intéressante et qui permet d'avoir une vue d'ensemble sur le conflit. J'ai vraiment apprécié cette lecture qui m'a appris beaucoup et qui m'a permis de mieux démêler la situation politique de l'époque.

Petit avis personnel qui m'est venu après des lectures et des recherches et différentes discussions avec un cousin espagnol : 

Pour avoir un pied dedans, il est presque inouï de voir que cette guerre suscite encore presque 90 ans plus tard encore de telles passions. Au détour d'ouvrages, d'articles, d'interviews glanés ça et là, l'objectivité semble parfois s'envoler pour le déni ou la mauvaise foi. On sent que la blessure de ce conflit est encore à vif et que les oppositions se réveillent à chaque geste pour commémorer l'un ou l'autre camp. Incapable de digérer son passé, l'Espagne est encore prisonnière de ce conflit fratricide. Faudra-t'il attendre encore plusieurs générations avant que le pays puisse véritablement se réconcilier ? Sans doute mais le travail de mémoire et d'acceptation semble bien difficile à mettre en place.