Les Rougon-Macquart, tome 5 : la faute de l'abbé Mouret d'Emile Zola

Publié le par Walpurgis

Roman classique

Format poche

Edition : Le livre de poche

Collection : Classiques de poche

Date de parution : 2010

Nombre de pages : 510 pages

Serge Mouret est le prêtre d'un pauvre village, quelque part sur les plateaux désolés et brûlés du Midi de la France. Barricadé dan sa petite église, muré dans les certitudes émerveillées de sa foi, assujetti avec ravissement au rituel de sa fonction et aux horaires maniaques que lui impose sa vieille servante, il vit plus en ermite qu'en prêtre. A la suite d'une maladie, suivie d'une amnésie, il découvre dans un grand parc, le Paradou, à la fois l'amour de la femme et la luxuriance du monde. Une seconde naissance, que suivra un nouvel exil loin du jardin d'Eden.

Dans ce cinquième roman des Rougon-Macquart, Zola reprend le personnage de Serge Mouret, entraperçu dans La conquête de Plassans. On le quittait entrant au séminaire, le revoilà curé d'une paroisse perdue accompagné de sa soeur Désirée et de la Teuse, sa servante à l'église.

Le roman est découpé en trois parties distinctes. Une première partie est consacrée au quotidien de Serge à sa paroisse et à sa dévotion religieuse. Ensuite est abordé le séjour au Paradou et sa liaison avec Albine. Enfin, retour à la paroisse pour Serge et fin de l'histoire.

Au début du roman, Serge vit dans l'adoration totale de la religion et notamment de la Vierge Marie. Suite à une visite au Paradou où il entraperçoit la belle Albine, Serge accroît son exaltation et va tomber dans une fièvre intense entrecoupée d'hallucinations (symptômes hérités de sa mère Marthe). Pour le soigner, le Docteur Pascal, son oncle, décide de le confiner au Paradou et le confie aux soins de Jeanbernat et sa pupille Albine. Erreur fatale ! Amnésique, le curé va apprendre l'amour au côté de la jeune fille, ce qui va avoir des conséquences terribles.

Dans ce roman, Zola nous présente Serge Mouret sous toutes ses facettes. Une dévotion absolue envers la Vierge Marie qui l'isole du reste du monde, un rejet de la nature via son dégoût de la sensualité de sa soeur et de la vie animale, un amour de la solitude et de la souffrance. Une fois au Paradou, Serge redécouvre la Nature sous un jour nouveau en compagnie d'Albine, sa vierge Marie sauvage. Tels Adam et Eve, ils règnent sur un Eden, le Paradou. La nature se fait complice, luttant contre l'intrusion de la culture afin de mener Serge et Albine au point culminant de leur relation. Suit un désenchantement quasi inexplicable qui va finir en tragédie. 

Si l'histoire en soi ne m'a pas complètement passionné,  j'ai beaucoup aimé les descriptions de Zola, surtout celles du Paradou et de l'âpreté de la nature près de la paroisse.  Ces deux pans de la nature sont opposées mais semblent chacune avoir une influence sur Serge. 

Le personnage de Serge ne m'a pas paru sympathique.  Exalté, naïf,  il ne vit que pour la religion.  Certes,  il la vit de façon plutôt lumineuse (malgré un goût pour les flagellations) a contrario dun frère Archangias,  misogyne et austère et doté d'un caractère ombrageux. Albine est la séduction libre,  la nature sauvage de l'homme écoutant son désir et son instinct.  C'est un personnage plein d'innocence et d'illusions touchante par la grâce de ses seize ans. Le reste des personnages est secondaire : le docteur Pascal et Jeanbernat sont des esprits libres,  la Teuse est une femme simple et dévouée,  pleine de bon sens,  Désirée est l'innocence même,  quant aux Artaud,  ils incarnent la paysannerie qui vit dans des conditions difficiles,  perçus comme des animaux en rut par Archangias. 

La seule chose que je regrette dans l'édition lue est que les notes de bas de page m'ont révélé l'intrigue et du fait gâché le plaisir de la lecture. 

En conclusion, un roman à part parmi les premiers tomes de la saga.  L'histoire se centre sur un couplé de personnages et met moins en avant le quotidien pendant le Second Empire.  Il semble que Zola ait voulu écrire une parenthèse enchantée,  un doux moment qui finit de façon amère. 

 

Publié dans Classique

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N
Je n'ai pas lu la préface, je ne lisais que quelques notes au hasard et je me suis fait spoiler la fin comme jamais. En plus, c'était vraiment pas la peine de mettre une note de bas de page.<br /> <br /> C'est vrai que ça à l'air d'être un roman à part.
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W
Oui Nicolas c'est vraiment chiant de se faire spoiler à cause de notes de bas de page mais je ne peux m'empêcher de les lire même quand je connais le mot.