Le chemin de Sarasvati de Claire Ubac
Roman jeunesse
Edition : L'Ecole des loisirs
Collection : Médium
Date de parution : 2010
Nombre de pages : 288 pages
Les filles ? Des êtres stupides.
Des bouches inutiles à nourrir. Les marier ? La dot coûte cher. Mieux vaut les tuer dans l'oeuf. Les intouchables, les " hors castes " ? Des parasites. Bons à rien. Arriérés. Condamnés aux basses besognes. Il faut les fuir à tout prix. Dans l'Inde de tous les possibles, mais aussi des préjugés tenaces, les routes de deux parias se croisent. Elle, Isaï, était venue en cachette assister aux funérailles de sa mère.
Lui, Murugan, d'un geste respectueux, a replacé une fleur tombée du brancard. Leur premier dialogue s'est fait en rythme et en musique. Chanter, jouer, ils en rêvent tous les deux. Ils osent partir. Leur traversée du pays sera semée d'embûches et de mauvaises rencontres. Mais Sarasvati, la déesse au luth, veille sur eux.
Dans ce roman, Claire Ubac nous parle sans fards de l'Inde et de sa société patriarcale, organisée en castes. De façon le plus simple possible, l'auteur décrit les préjugés dont sont victimes les filles et les intouchables.
L'histoire prend place dans un village de campagne situé au sud est de l'Inde, Isaï est une petit fille choyée par sa mère et son grand-père mais détestée par sa tante par alliance chez qui elle vit. Après le décès de sa maman, elle va subir des humiliations. La rencontre avec Murudan, un intouchable, passionné de danse et de chant comme elle, va la décider de partir à Bombay retrouver son père. Commence alors pour nos deux voyageurs un parcours initiatique parsemé d'embûches à travers l'Inde. Malgré la difficulté des épreuves, la foi d'Isaï et Murudan va leur permettre de réussir à triompher d'elles. On sent alors la forte spiritualité qui habite l'Inde et ses habitants avec tout un panthéon de dieux à vénérer et des temples sacrés dans chaque ville où la population se plie à des rites quotidiens. Et par ce voyage, on plonge en plein coeur de la société indienne : ses traditions, sa hiérarchie, sa pauvreté et sa richesse, sa culture pleine de couleurs... On est en pleine immersion et pour avoir lu d'autres romans dont l'action se passait en Inde, Claire Ubac en propose une vision réaliste.
L'auteur n'hésite pas à parler des problèmes qui ravagent le pays : la pauvreté, l'exploitation des enfants et leur abandon, la dure condition des femmes notamment dans les villages et aussi la présence d'occidentaux qui ne font pas que du tourisme (moment assez terrifiant du livre). Alors oui, l'histoire est toujours dans le happy end mais pour un roman jeunesse, je crois qu'il est suffisant de prévenir que ça existe mais de s'éviter une réalité trop crue même si grâce au mooc littérature jeunesse de l'université de Liège, j'ai appris qu'il y avait d'excellents romans destinées à ce public qui étaient directs.
Je n'oublie pas le joli message que ce roman prodigue : la tolérance et l'acceptation de soi sont les clés pour s'épanouir même quand la vie vous réserve de dures épreuves.