L'Amie prodigieuse, tome 1 d'Elena Ferrante

Publié le par Walpurgis

Roman contemporain

Format poche

Traduction : Elsa Damien

Edition : Folio

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 430

Naples, fin des années cinquante. Deux amies, Elena et Lila, vivent dans un quartier défavorisé de la ville, leurs familles sont pauvres et, bien qu'elles soient douées pour les études, ce n'est pas la voie qui leur est promise. Lila, la surdouée, abandonne rapidement l'école pour travailler avec son père et son frère dans leur échoppe de cordonnier. En revanche, Elena est soutenue par son institutrice, qui pousse ses parents à l'envoyer au collège puis, plus tard, au lycée, comme les enfants des Carracci et des Sarratore, des familles plus aisées qui peuvent se le permettre. Durant cette période, les deux jeunes filles se transforment physiquement et psychologiquement, s'entraident ou s'en prennent l'une à l'autre. Leurs chemins parfois se croisent et d'autres fois s'écartent, avec pour toile de fond une Naples sombre mais en ébullition, violente et dure. Des chemins qui les conduiront, après le passage par l'adolescence, à l'aube de l'âge adulte, non sans ruptures ni souffrances.
Formidable voyage dans Naples et dans l'Italie du boom économique, L'amie prodigieuse trace le portrait de deux héroïnes inoubliables, qu'Elena Ferrante traque avec passion et tendresse jusqu'au plus profond de leur âme.

Ce roman phénomène a conquis bon nombre de lecteurs au fil du temps poussant même la télévision a produire une adaptation. Dans ce premier tome consacré à l'amitié entre Elena (dite Lenù) et Lila, l'auteure se penche sur l'enfance et l'adolescence des jeunes filles. Celles-ci vivent à Naples au coeur des quartiers pauvres où règne une petite mafia et la violence inhérente. Fermé au monde, il n'est possible de s'en extraire que par les études, chemin que choisiront Lenù et Lila jusqu'à ce que cette dernière y renonce pour travailler au côté de sa famille. L'ambiance est superbement rendue, on imagine très bien ce quartier défavorisé avec ces petits appartements où vivent des familles entières, le linge qui pend aux fenêtres, les voisins qui s'interpellent à la fenêtre ou sur le palier. Tout le monde se connaît, les histoires et les rumeurs circulent vite. Ce quartier est un microcosme où les fillettes vont grandir et plus ou moins s'épanouir.

L'histoire de leur amitié est particulière. Dès le départ, la fascination est du côté d'Elena qui suit son amie, véritable tête brûlée. De fil en aiguille, leur amitié prend des formes variées entre complicité, entraide et rivalité. On sent une jalousie latente dans les différences qu'elles entretiennent avec un complexe d'infériorité assumée par Elena. On sent en sourdine quelque chose d'un peu malsain mais en même temps cette description m'a semblé tout à fait réaliste surtout à cette phase de la vie où l'on ne peut s'éviter de se comparer. La relation devient plus complexe avec l'arrivée de l'adolescence et des premiers émois amoureux.

Une grande partie du roman est consacré à l'école, véritable ascenseur social. La rivalité des filles commence d'ailleurs à ce niveau poussant Elena à se surpasser puis à remettre en cause ses apprentissages une fois Lilia embarquée sur une autre voie. On sent une véritable implication des professeurs et l'importance de pouvoir lire. Si l'école semble une chose acquise pour les garçons, il est plus difficile de faire accepter aux parents que leurs filles peuvent continuer au delà du primaire. Si Elena continue ses études brillamment, Lilia stoppe rapidement afin d'aider sa famille mais tout en gardant sa curiosité intacte. On sent une fierté venir petit à petit de voir Elena s'exprimer en italien à l'opposé du dialecte, vu comme un critère de basse couche sociale.

Le patriarcat est très présent dans une société d'après-guerre pauvre et où les relents de fascisme sont encore présents, les hommes règnent en maître même ceux qui paraissent les plus modérés dans leurs comportements. Que ce soit au père, au frère ou au mari, les femmes leur doivent toujours des comptes et ne peuvent véritablement s'émanciper. Et c'est aussi pour ça que j'ai aimé nos héroïnes même si elles sont différents, chacune à sa manière veut s'en sortir et si Elena choisit les études, Lilia utilise sa ruse mais ne va-t'elle pas tomber sur plus malin ?

Avec simplicité mais conviction, Elena Ferrante nous décrit des personnages réalistes sous le soleil de Naples. Entre premiers flirts, rivalité, détermination et espoir, les deux enfants se transforment en adolescentes fortes qui savent ce qu'elles ne veulent pas. Un roman addictif qui m'a laissé une envie irrépressible de lire la suite !

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