Berezina de Sylvain Tesson

Publié le par Walpurgis

Récit de voyage

Format poche

Edition : Folio

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 205

En octobre 1812, piégé dans Moscou en flammes, Napoléon replie la Grande Armée vers la France. Commence La retraite de Russie, l'une des plus tragique épopée de l'Histoire humaine. La Retraite est une course à La mort, une marche des fous, une échappée d'enfer. Deux cents ans plus tard, je décide de répéter l'itinéraire de l'armée agonisante, de ces cavaliers désarçonnés, de ces fantassins squelettiques, de ces hommes à plumets qui avaient préjugé de l'invincibilité de l'Aigle. Il ne s'agit pas d'une commémoration (commémore-t-on l'horreur ?), encore moins d'une célébration, il s'agit de saluer par-delà les siècles et les verstes, ces Français de l'an XII aveuglés par le soleil corse et fracassés sur les récifs du cauchemar. Le géographe Cédric Gras, le photographe Thomas Goisque et deux amis russes, Vassili et Vitaly, sont de la partie.

Berezina est le projet un peu fou de Sylvain Tesson et quatre amis de refaire le retour des soldats de Napoléon après avoir conquis Moscou. Le mot est passé depuis dans notre langue comme synonyme de de débâcle alors qu'étrangement j'ai appris ici que le passage sur la Berezina a été une victoire (amère tout de même). Chevauchants des motos Oural, Sylvain Tesson, Cédric Gras, Thomas Goisque, Vitaly et Vassili vont connaître des péripéties dues à la mécanique et au climat glacial. J'ai beaucoup aimé cette plongée dans l'Histoire avec les réflexions toujours pertinentes de l'auteur.

Ce qui m'a beaucoup parlé durant cette lecture est la croyance de Sylvain Tesson à la mémoire des lieux. A ses étapes, il ressent ce qui a pu se passer, imaginer les soldats endurant la faim, le froid et la mort pour rentrer chez eux portés par la seule volonté d'être de l'armée de Napoléon. Pour lui, les lieux sont imprégnés des événements qui ont eu lieu, des gens qui y sont passés. Une idée séduisante dont j'étais déjà convaincue et qui m'a encore plus attachée au récit. 

L'autre point fort est le mélange voyage/Histoire. Tout au long de la route, Sylvain et ses amis relatent ce qu'ils ont appris via des lectures d'officiers de la Grande Armée. A travers ses témoignages, on ressent toute la tragédie qu'ont vécu ces soldats qui ont traverser la Russie avec peu de protection et qui, pour la plupart, sont morts en cours de route. Toujours harcelés par l'armée russe, ils montrent pourtant un courage hors-norme suppléé par la tactique brillante de Napoléon. 

Mais le charme du livre ne s'arrête pas là. Déjà ce projet de road-trip est dingue et c'est l'occasion pour l'auteur de nous décrire autrement la Russie. On y retrouve tout son amour et son estime que l'on ressentait déjà dans Dans les forêts de Sibérie, avec toujours cette analyse fine sur ce qui fait l'âme slave et la beauté d'un pays coincé entre deux mondes. 

Avec ce voyage un peu dingue, Sylvain Tesson a accouché d'un récit prenant et passionnant sur la retraite de Russie. Une histoire tragique qui nous remémore les sacrifices consentis pour la gloire de l'Empire le tout accompagné de réflexions intéressantes sur différents sujets.

 

Publié dans Aventure, Carnet de voyage

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