Le coeur glacé, tome 1 d'Almudena Grandes

Roman historique

Format poche

Traduction : Marianne Millon

Edition : Le livre de poche

Date de parution : 2010

Nombre de pages : 768

Il est beaucoup d’histoires que nos pères et nos grands-pères n’ont jamais racontées. Les unes parce qu’elles étaient si belles et si héroïques que nous ne voulions pas en connaître la fin. Les autres, parce qu’elles étaient si atroces que nous ne pouvions pas les pardonner. A. G. Ce roman retrace, à travers le destin de deux familles, – l’une franquiste, l’autre républicaine –, l’histoire de l’Espagne, de 1936 à nos jours, à jamais marquée par la guerre civile.

Saga familiale du XXe siècle, Le coeur glacé est divisé en deux tomes de 700 pages chacun. Dans cet avis, je vous parlerais du tome 1. Le roman suit le parcours de deux familles liées à un certain degré de cousinage qui choisissent des camps opposés pendant la guerre civile d'Espagne. Le lecteur prend connaissance des différents points de vue de plusieurs membres des deux familles. L'autrice joue sur diverses chronologies du début des années 1900-1910 jusqu'aux années 2000 en passant par les moments cruciaux de la guerre d'Espagne. On rencontre donc de nombreux protagonistes sachant que la tradition veuille qu'un enfant est le prénom de son parent du même sexe. Pour se repérer on peut se fier aux deux noms de familles utilisés en Espagne pour différencier les personnages. Les généalogies des deux familles sont présentes au début de l'ouvrage pour éclairer le lecteur égaré.

L'histoire orbite autour de Julio Carrión qui vient de décéder à 83 ans. Il lègue un bon patrimoine à sa famille. C'est Alvaro, un de ses fils, qui découvre que son père cachait un autre appartement qui ne figure pas sur le testament. C'est par ce biais qu'il rencontre la charmante Raquel qui semble plus que s'intéresser à lui. Partie la plus présente dans l'histoire, le récit contemporain est sans aucun doute le plus ennuyeux. Ce qui arrive entre Alvaro et Raquel n'est pas véritablement intéressant même si l'autrice nous partage les pensées des personnages. Mais on se bouffe trop de psychologie et les phrases répétitives sont plutôt agaçantes. C'est lourd et on regrette un manque de sobriété.

Mais par contre les parties sur le passé de Julio Carrión Gonzáles et du grand-père de Rachel, Ignacio Fernandez Muñoz sont passionnantes. Si vous aimez l'Histoire et que la guerre civile espagnole vous plaît par sa complexité politique, ces passages ne peuvent que vous séduire. On suit le parcours de ces deux hommes à l'environnement familial et à leurs parcours militaire bien différents. L'opportunisme s'oppose à la conviction profonde et donne matière à réflexion sur l'être humain. On ne peut que s'émouvoir face à la défaite des républicains et leur traitement une fois réfugiés en France et les descriptions de liesse mêlées d'amertume marquent considérablement le lecteur lorsque plus de 30 ans après la fin de la guerre, Franco meurt. Oui, ces parties-là sont véritablement belles et rattrapent la lecture fastidieuse de l'histoire de leurs descendants.

Je lirai le tome 2 assurément mais chat échaudé craint l'eau froide, je préfère attendre avant de replonger dans cette saga. Les lourdeurs et le manque d'intérêt de la partie contemporaine ne me motivent pas à lire 700 pages supplémentaires à la suite. Le coeur glacé est à réserver à ceux intéressés par la guerre civile espagnole qui seront sans doute plus motivés à aller au bout.