Terreur de Dan Simmons

Publié le par Walpurgis

Roman d'aventures fantastique

Format poche

Traduction : Jean-Daniel Brèque

Edition : Pocket

Date de parution : 2010

Nombre de pages : 1056

1845, Vétéran de l'exploration polaire, Sir John Franklin se déclare certain de percer le mystère du passage du Nord-Ouest. Mais l'équipée, mal préparée, tourne court ; le Grand Nord referme ses glaces sur Erebus et Terror, les deux navires de la Marine royale anglaise commandés par Sir John. Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt-neuf hommes de l'expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques. L'équipage est, en outre, en butte aux assauts d'une sorte d'ours polaire à l'aspect prodigieux, qui transforme la vie à bord en cauchemar éveillé. Quel lien unit cette "chose des glaces" à Lady Silence, jeune Inuit à la langue coupée et passagère clandestine du Terror ? Serait-il possible que l'étrange créature ait une influence sur les épouvantables conditions climatiques rencontrées par l'expédition ? Le capitaine Crozier, promu commandant en chef dans des circonstances tragiques, parviendra-t-il à réprimer la mutinerie qui couve ?

Avec Terreur, Dan Simmons nous emmène en Arctique au milieu du XIXe siècle. L'histoire est basée sur l'expédition Franklin qui a disparu lors de la recherche du passage nord-ouest dans la banquise. Des recherches furent effectuées pour retrouver les deux navires mais ce n'est qu'en 1853 que les premiers éléments furent trouvés. Les épaves des deux bateaux ne furent découvertes qu'en 2014 et 2016.

Avec ce roman, l'auteur reprend les éléments historiques de l'expédition et a rempli les vides avec sa propre imagination et une touche fantastique tirée de la mythologie inuit. Une créature nommée Terreur apparaît lors du récit et donne le titre du roman même si on peut aussi faire un parallèle avec le nom d'un des bateaux, le HMS Terror. Mais qui sème vraiment la terreur ?

Le livre se présente comme un sorte de journal de bord avec différents points de vue. Les chapitres sont datés et le lieu est précisé s'il est connu. Dans les personnages importants qui ont voix de cité il y a le chef d'expédition et commandant du HMS Erebus Sir John Franklin, le capitaine du HMS Terror, Francis Crozier et un des médecins de l'expédition le docteur Harry Goodsir. Le récit n'est pas toujours chronologique et le lecteur fait des allers-retours entre les différents événements qui surviennent chez les équipages.

Le 19 mai 1845, les deux navires quittent l'Angleterre avec 134 personnes à leurs bords. Le début de l'expédition se révèle classique mais à partir de septembre 1846 le cauchemar va commencer. A cette époque et pour la deuxième fois du voyage, les vaisseaux se retrouvent pris dans les glaces et on s'apprête à l'hivernage. Mais l'été arrive et la banquise ne fond pas, l'enfer blanc va alors se refermer définitivement sur ces hommes.

Malgré un nombre de pages conséquent, le livre se dévore. Dan Simmons sait créer les ambiances et celle de l'Arctique est une réussite. Les tempêtes de neige ou électriques qui fondent sur les hommes, la banquise qui bouge, tremble, se brise, les ténèbres qui envahissent une bonne partie de l'année ces terres... La nature est hostile aux hommes et va au fil du roman les terrifier surtout avec l'apparition brutale d'une créature qui semble jouer avec eux pour mieux s'en nourrir. Cette sorte de monstre de glaces semble ne faire qu'un avec l'environnement. Ce qui fait craindre les hommes c'est aussi la présence de Lady Silence, esquimaude à la langue tranchée recueillie par les marins. La jeune fille a-t'elle un lien avec la créature ou l'est-elle elle-même ?

Mais ce récit c'est aussi celui d'hommes devant faire face à des circonstances exceptionnelles. La nature est hostile, le froid intense, les imprévus se multiplient et les luttes intestines croissent au fil des difficultés. Et surtout la mort rôde partout qu'elle soit incarnée par la créature ou par la maladie. Les pages se tournent et les scènes peu ragoûtantes deviennent plus nombreuses. La mélancolie, le désespoir, la détermination, la foi, tous ces sentiments se mélangent selon les personnages puis viennent la suspicion, la cruauté, la mégalomanie jusqu'au point de rupture. La dernière partie du roman est métaphysique sur fond de mythologie inuit. La genèse du monde arctique y est expliquée ainsi que certaines légendes des peuples inuits. Et on apprendra le destin funeste des deux équipages avec une pointe au coeur. 

Avec Terreur, Dan Simmons prouve encore une fois qu'il sait raconter des histoires. Très bien documenté, très bien écrit avec un souci des personnages et de l'environnement, il embarque loin son lecteur. A chaque fois je suis surprise avec quelle facilité j'arrive à manger un nombre de pages conséquent pour connaître le fin de mot de l'histoire. Un très beau livre qui vous plaira si vous aimez les destins tragiques d'explorateurs.

Publié dans Fantastique, Aventure

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