Jardin d'hiver d'Olivier Paquet

Publié le par Walpurgis

Roman SF

Format poche

Edition : L'Atalante

Date de parution : 2021

Nombre de pages : 420

Dans le contexte du réchauffement climatique, un conflit est né en Europe entre des ingénieurs réunis sous la bannière du Consortium et des groupes écoterroristes de la Coop. Cette guerre dure depuis près de 20 ans, suite à un incident appelé "le crime du siècle". Chaque camp a développé ses propres armes : des animaux-robots pour les ingénieurs, des plantes mécanisées pour les écologistes. L'histoire tourne autour d'une bande de contrebandiers cosaques qui récupèrent des pièces détachées après les batailles et dont la philosophie se résume à cette maxime : "Nous sommes des contrebandiers, des gens qui refusent d'appartenir à un camp au nom de notre choix d'emmerder le monde". Un soir, ils tombent sur un inconnu amnésique au comportement étrange. Cette découverte leur fera traverser l'Europe à la recherche du passé et des germes du futur.

Jardin d'hiver est une dystopie signée Olivier Paquet et dont la magnifique couverture du livre est signé Aurélien Police. Entre cette illustration et le titre mystérieux qui évoque ces jardins tropicaux sous véranda, ce roman intrigue.

Le lecteur est plongé en pleine guerre européenne suite au "crime du siècle" : l'assassinat de Jézéquiel Straffer, leader du Consortium par ses rivaux de la Coop. Deux factions aux idées opposées qui tentent chacune d'imposer leur politique après un dérèglement climatique qui a eu pour conséquence une Europe submergée par la montée des eaux. Si le reste du monde est aussi impacté, il n'en est question que dans quelques lignes. L'histoire se déroule exclusivement sur le territoire européen.

Les deux factions rivales prônent chacune un mode de vie différent. D'un côté le Consortium, camp tourné vers la technologie avec une élite d'ingénieurs qui ont développé les daemons, animaux familiers robotiques et armés. Il mène une guerre organisée avec des compagnies guerrières craintes et sans pitié. De l'autre la Coop, organisation disparate de petits groupes plus ou moins anarchistes. Ils développent une végétation mortelle grâce à des manipulations génétiques mais ils méprisent tout ce qui est technologique. De ce conflit vicennal, n'apparaît finalement que l'absurdité où seuls les morts s'amoncellent sans aucun succès total pour les deux partis. C'est au milieu de cette guerre qu'une bande de contrebandiers recueille un inconnu devenu amnésique après un massacre.

Le rythme du récit est élevé. Le lecteur suit les pérégrinations des contrebandiers à bord de leurs vaisseaux et traverse l'Europe en leur compagnie. L'histoire ne se déroule que sur quelques jours mais c'est très perturbant au vu de tous ces allers-retours car on a une impression de passer de longues journées au sein du vaisseau. Il ne se passe pas toujours grand chose même si l'action est bien présente et nous offre de belles pages de course-poursuite. Mais on s'ennuie ferme notamment lorsque l'auteur consacre ses lignes aux relations entre les personnages principaux.

C'est pour moi un des points faibles du roman : les personnages. Présentés de manière superficielle, on ne s'intéresse jamais véritablement à eux. Ils ont tous des secrets qu'on sent venir à des kilomètres au même titre que la romance entre les personnages principaux. Beaucoup de dialogues m'ont fait penser aux séries B voire Z des films catastrophe... Et c'est vraiment dommage car en découle des actions cousues de fil blanc qui font lever les yeux au ciel.

Par contre ce qui est génial et qui aurait mérité plus de place, ce sont les belles descriptions d'une Europe hybridée entre le vivant et la technologie. Chaque ville ou lieu visités est un plaisir à lire et à imaginer. J'imagine parfaitement un artbook avec les dessins d'Aurélien Police, l'illustrateur de la couverture. Le concept des daemons n'est pas vraiment nouveau au sein de la SF mais Olivier Paquet y ajoute une touche personnelle avec une liberté accordée à l'IA, s'éloignant des fameuses lois de la robotique d'Asimov. Un concept intéressant qui reste en surface malgré de belles pages sur l'évolution des machines vers la fin du roman.

Prometteur, Jardin d'Hiver se révèle un brin décevant. Si le monde proposé par l'auteur est intéressant, on reste sur notre faim concernant le propos. Le conflit sur la gestion du monde suite au dérèglement climatique aurait pu donner naissance à une histoire moins simpliste même si l'auteur évite le manichéisme. C'est surtout la conception des personnages qui pèche avec l'absence de figures fortes et charismatiques. A découvrir pour ceux qui apprécient une SF plus légère.

 

Publié dans SF

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Z
J'ai lu un autre titre de cet auteur ou je n'avais pas ete totalement convaincue egalement.
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W
C'était une découverte pour moi mais l'avis de Blackwolf était bon et comme je me fie pas mal à lui, j'ai cru que ça me plairait plus. Ça ne peut pas marcher à chaque fois c'est sûr !
M
L'idée de base avait l'air vraiment intéressante, dommage qu'il y ait ces défauts que tu mentionnes. Je crois que je vais passer mon tour. En plus, l'auteur n'est pas très agréable, nous l'avions rencontré aux Utopiales en attendant une dédicace de notre chouchou Xavier Mauméjean. Il a une bien piètre image des blogueurs littéraires... :(
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W
Oh quelle déception de voir que certains auteurs aient des préjugés sur les blogueurs :-(<br /> Pour ce roman, je l'ai trouvé dispensable malgré de bonnes idées.