Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson
Littérature contemporaine
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Format poche
Edition : Folio
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 171
«Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides. La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs. Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.»
Les plus beaux voyages ne sont pas forcément les plus lointains. C'est ainsi qu'on pourrait résumer le discours de Sylvain Tesson dans Sur les chemins noirs mais ce serait mutiler le message profond qu'il nous fait passer via ces chemins perdus de la France rurale. Ce parcours de la diagonale du vide est en fait un véritable chemin de croix pour l'auteur, diminué par un accident aussi terrible que stupide. Un voyage cathartique pour se guérir, s'endurcir et digérer le décès de sa mère. Un voyage pour ne pas penser, ne pas intellectualiser et redevenir la simplicité même dans l'observation de la nature.
Le voyage sera un échec en regard du dernier vœu. Sylvain Tesson ne peut s'empêcher de penser à ses auteurs favoris et à faire émerger une critique contre la modernisation et la mondialisation qui fait réfléchir son lecteur. Car partout où ses pas le portent et malgré son désir de disparaître géographiquement, la main de l'homme se retrouve partout : une machine automatique pour effrayer les loups, des panneaux de propriété privée, une fête Star Wars en pleine cambrousse ou les imposantes autoroutes jamais loin...
Le constat est amer mais non dénué de beauté. Car malgré ces paysans endettés, ces mises mises en scène de plus beaux villages de France, ces ruines d'une ancienne campagne oubliée, la nature est bien présente faisant fi des désirs humains de la dominer complètement. Accompagné par des amis à certaines étapes, des voyageurs comme lui, Sylvain Tesson goûte au plaisir de se retrouver au plus près de l'essence même de l'homme, un être près de la nature. Malgré des limites physiques qui lui font frôler des catastrophes, l'auteur-voyageur apprécie de les sentir et de les dépasser.
Un beau récit qui donne envie de redécouvrir notre territoire et ses zones oubliées et de se reconnecter à la nature. Le texte nous pousse à réfléchir sur notre façon de vivre la ruralité et du choix cornélien qui s'impose à nous entre modernité et tradition. Non dénué de poésie, ce récit célèbre aussi la nature et la vie d'avant sur fond de rencontres impromptues et de l'amitié. Un joli ouvrage à découvrir sur un homme cassé qui se reconstruit tout au long du chemin.
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