Roi du matin, reine du jour de Ian McDonald

Publié le par Walpurgis

Roman fantasy

Format poche

Traduction : Jean-Pierre Pugi

Edition : Folio

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 608

Emily Desmond, Jessica Caldwell, Enye MacCall, trois générations de femmes irlandaises, folles pour certains, sorcières pour d'autres. La première fréquente les lutins du bois de Bridestone quand son père, astronome, essaie de communiquer avec des extraterrestres qu'il imagine embarqués sur une comète. La seconde, jeune Dublinoise mythomane, se réfugie dans ses mensonges parce que la vérité est sans doute trop dure à supporter. Quant à Enye MacColl, katana à la main, elle mène un combat secret contre des monstres venus d'on ne sait où.

Ian McDonald possède un excellent talent de conteur. Si je le connais bien en tant qu'auteur SF, c'est la première fois que je plonge dans son univers fantasy. Il a fait le choix de raconter le destin de trois femmes d'une même lignée, des femmes irlandaises qui vont être liées au folklore du pays. 

Emily Desmond est la première. L'esprit pétri de magie irlandaise, son histoire s'apparente à celle des fées de Cottingley (page wikipédia). On est en pleine magie traditionnelle avec l'apparition enchanteresse de la Chasse, des fées et autres créatures mythiques. Derrière cette féerie, on sent pourtant poindre une menace qui deviendra le fil conducteur de l'histoire. Deuxième époque et deuxième femme avec Jessica Caldwell mythomane dont les mensonges semblent contenir un semblant de vérité. La guerre civile ne semble pas si éloignée et l'héroïne s'entiche d'un combattant de l'IRA. Enfin la troisième femme est Enye MacCall. C'est un conte plus moderne et urbain où les créatures sont maléfiques. Les combattant au katana, Enye va devoir enquêter sur son passé. C'est un conte imprégné de culture asiatique qui, par certains aspects, font penser au manga. J'imaginais très bien ce passage dans un Dublin "tokyoisé" !

Le lecteur visite donc l'Irlande au XXe siècle dans toute sa beauté et complexité. Le folklore est central. les créatures féeriques ont toutefois un côté inquiétant voire maléfique. Il y a un gros travail sur les mythes, sur ce qu'ils nous apportent et nous influencent. C'est un plus indéniable de connaître cette culture pour lire le roman dont certaines références m'ont clairement échappé. La présence d'une force surnaturelle relie les trois histoires et les trois femmes liées par le sang. Le roman est donc marqué dans une certaine noirceur rompu par des passages plus légers liés à la vie quotidienne de ces jeunes femmes dont la puberté et la découverte de la sexualité semble être un déclencheur de leurs aventures fantastiques. 

La découverte de ce roman n'est pas facile. Le récit est exigeant, dense mais l'écriture est très belle et l'originalité du traitement est bien présente. Je relirai sans aucun doute cette oeuvre d'ici quelques années car c'est le genre d'ouvrage qui mérite d'être relu avec attention et qui nous apprend beaucoup. Encore une fois, je suis conquise par Ian McDonald.

 

Publié dans Fantasy

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A
Hello ! Jolie chronique pour ce roman que j'avais tenté de lire il y a plusieurs années de cela, et que j'avais finalement laissé de côté. Certains aspects de l'histoire étaient trop emprunts de noirceur pour moi qui, à l'époque, y était plus sensible que maintenant. Ton avis me donne envie de le relire, peut-être, un de ces jours.
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W
Salut, merci beaucoup ! Ce n'est pas un livre si facile d'accès et des connaissances en folklore irlandais semble quasi essentiel pour mieux comprendre l'histoire de ces trois femmes. Et en effet cette noirceur est très dérangeante comme c'est le cas avec Faërie de Feist (que j'aimerais relire) et nous met mal à l'aise, tout ce qui est merveilleux n'est pas forcément bienveillant pourrait être la morale de l'histoire.