Saga les Rougon-Macquart, tome 12 : la joie de vivre d'Emile Zola

Publié le par Walpurgis

Classique

Format ebook

Edition : Bibebook

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 708

Près d'Arromanches, dans la maison du bord de mer où ils se sont retirés après avoir cédé leur commerce de bois, les Chanteau ont recueilli Pauline, leur petite cousine de dix ans qui vient de perdre son père.
Sa présence est d'abord un surcroît de bonheur dans le foyer puis, autour de l'enfant qui grandit, les crises de goutte paralysent peu à peu l'oncle Chanteau, la santé mentale de son fils Lazare se dégrade, l'héritage de Pauline fond dans les mains de ses tuteurs, et le village lui-même est rongé par la mer. En 1884, lorsqu'il fait paraître ce roman largement autobiographique, le douzième des Rougon-Macquart, c'est pour une part ironiquement que Zola l'intitule La Joie de vivre.

Vous rappelez-vous de Pauline Quenu, la petite fille rondelette des bouchers du Ventre de Paris ? Désormais âgée de 10 ans et orpheline, elle est recueillie chez ses cousins Chanteau. C'est un enfant joyeuse au caractère plutôt tranquille qui vient égayer cette maisonnée où le père souffre d'affreuses crises de goutte, où la mère se désole pour son fils et que ce dernier, Lazare, multiplie les projets pour tous les abandonner les uns après les autres.

Le roman se passe en Normandie près de la mer à Bonneville, commune fictive située près d'Arromanches. Immédiatement, le lecteur est transporté dans les embruns et une mer impitoyable qui grignote peu à peu le village de pêcheurs. Et tout comme cette mer capricieuse, petit à petit l'héritage de Pauline sera grignotée par sa famille d'adoption et pourtant Pauline gardera toujours cette joie de vivre qui la caractérise malgré un environnement plus que morose. D'ailleurs son opposé n'est autre que son cousin Lazare, dont l'enthousiasme s'émousse rapidement après chaque lancée de projet pour se laisser envahir d'un pessimisme morbide. 

Et si le roman s'écoule d'une manière quasi tranquille laissant beaucoup de place aux introspections de Pauline et de Lazare, on se surprend à tourner les pages pour connaître le destin de cette famille qui se déchire au fil de l'eau. Le final est d'un cynique incroyable et j'en suis restée bouché bée voire un peu insatisfaite de ne pas en savoir plus ! 

En tout cas, on ne peut qu'aimer cette pauvre Pauline dont le désintéressement la ruine. On voudrait même qu'elle se rebelle mais ce trait la rapproche de sa tante au destin tragique, Gervaise. Une autre tare de la famille hante légèrement Pauline, une jalousie qui la plonge dans des crises de nerfs mais qu'elle apprend à maîtriser avec son doux caractère.

Ce livre est aussi l'occasion pour Zola de dépeindre une population de pêcheurs misérable et qui aime se vautrer dans l'alcool. Les enfants mendient, les parents boivent, sont cruels envers eux et les plus jeunes. Ils voient la mer comme leur maîtresse et une gueuse qui détruit le peu qu'ils ont mais en même temps ils ne feront rien d'autre que ricaner quand on viendra les aider. Le fatalisme règne sur eux.

Ce roman dont le titre trompeur pourrait faire croire à quelque chose de gai est en fait assez noir. Pas complètement pessimiste, particulièrement grâce au personnage de Pauline, ce récit reste d'une tristesse absolue. Ecrit après le décès de sa mère et de son ami Flaubert, Zola se mêle à Lazare aux pensées morbides mais on le retrouve dans son envie furieuse de vivre dans Pauline. Une ambivalence qui est la réussite du roman avec des personnages secondaires savoureux.

 

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M
Je crois que c'est un des rares de la série que je n'ai lu qu'une seule fois … et dont je ne me souviens absolument pas. Ton avis me donne bien envie de le redécouvrir. Merci :)
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W
Je suis contente que ça te donne envie de le redécouvrir. J'ai dévoré le roman car j'ai beaucoup aimé le personnage de Pauline et comment elle allait s'en sortir ou non. Quelques longueurs cependant mais rien d'insurmontable.