Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

Publié le par Walpurgis

Récit autobiographique

Format poche

Edition : Folio

Date de parution : 2013

Nombre de pages : 290

COUP DE COEUR !!!

Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Plus de 8 ans après son expérience, je fais connaissance de Sylvain Tesson et de son expérience d'ermitage qu'il a rendu compte dans Dans les forêts de Sibérie. C'est sur le suivi lecture Livr@ddict de Nelfe lors d'une discussion entre lecteurs sur Sylvain Tesson que je me suis dit qu'il était temps que je lise ce livre dont le sujet m'intéressait. Je ne reviendrai pas sur la polémique de trouver sincère ou non cet auteur, de savoir s'il aime se la raconter mais autant vous dire que ce livre a été un coup de coeur et qu'il a trouvé une résonance en moi.

C'est donc dans une cabane (voir la couverture du livre) que l'explorateur-écrivain a passé 6 mois en 2010 près du lac Baïkal. Une expérience de la solitude et de la vie forestière qu'il a minutieusement préparé en emportant avec lui vivres, matériel et livres. En vivant retiré dans une contrée plutôt hostile, Sylvain Tesson souhaitait retrouver une vie simple et authentique au plus près de la nature. Dans ce livre écrit sous la forme d'un journal de bord, il relate ses journées et ses réflexions sur le temps qui passe, le bonheur, la fuite du temps...

En minimisant son confort et ses besoins, il se rapprochera de la nature pour se nourrir, se chauffer et pour méditer sur la vie. Une attitude à rapprocher des sociétés de chasseurs-cueilleurs qui, une fois les tâches quotidiennes terminées, aimaient se raconter leurs rêves ou mythes de leur communauté. Et si ce récit m'a touché c'est que je me suis reconnue en la personne de l'écrivain : besoin de se rapprocher de la nature, exaspération de la vie citadine, quête du bonheur et recherche de la simplicité. des choses que je recherche malgré les habitudes et les contraintes de ma vie sociale. Et si j'admire tant cet homme c'est qu'il a eu le courage de le faire car entre vouloir et passer à l'action, le fossé est bien là !!!

Et si parfois le récit semble montrer une vie idéale : lire et noter ses pensées, explorer la contrée sans contrainte de temps, admirer la nature sans une once d'ennui, il ne cache pas les difficultés rencontrées notamment pour pêcher, se réhabituer à des visites impromptues de voisins ou de touristes ou tout simplement d'endurer les caprices de la météo. A ma grande surprise, la vodka l'a accompagné généreusement pendant ces 6 mois mails il faut observer que ses "voisins" (qui habitent à plusieurs km) en ont toujours aussi.

Si le choix de la Sibérie peut surprendre, il est à noter que Sylvain Tesson connaissait déjà le lieu et qu'il a une bonne expérience des montagnes. Dans une interview donnée à son retour, il a affirmé que ce genre d'endroit était typiquement le lieu où il se sentait chez lui, la forêt, la montagne et le froid résonnent en lui.

Quant à la question de l'isolement, Sylvain Tesson a des voisins mais en Sibérie ce sont plusieurs jours de marche qui les sépare. J'ai aimé ces rencontres où la convivialité et la chaleur règnent. On sent une vraie entraide entre ces habitants du bout du monde. Cette présence, certes lointaine, montre tout de même que l'homme reste un animal social et c'est avec amusement que j'ai souligné que l'auteur acceptait deux chiens donnés par une de ses connaissances. Une occupation de plus pour lui lorsqu'il part en balade. 

Dans les livres emmenés, Sylvain Tesson a choisi Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Un livre que j'ai beaucoup aimé enfant et qui apporte des solutions à une vie "sauvage". Comme le montre ce livre et celui de Defoe, la discipline est indispensable pour survivre et ne pas sombrer dans la dépression.

Pour ne rien gâcher, la lecture du récit est très agréable. L'auteur a soigné son écriture. Personnellement, je pense qu'il a retravaillé ses notes pour offrir un récit plus construit et plus léché. Le risque en tenant un carnet de bord étant de se disperser au fil de ses pensées et que l'histoire des jours quotidiens soient d'une routine ennuyeuse.

En partageant son expérience, Sylvain Tesson donne des pistes intéressantes pour se recentrer sur soi-même. Pas forcément besoin de partir loin pour se créer son propre ermitage et faire l'expérience de la solitude ou d'une vie plus proche de la nature. Un récit qui m'a donné envie de lire d'autres ouvrages de l'écrivain voyageur.

 

Publié dans Coups de coeur

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N
Tu sais à quel point j'aime cet écrivain. J'aime beaucoup l'homme aussi. J'ai été hypnotisé par ce bouquin, le premier que je lisais de lui. Il m'est allé droit au coeur. Ses mots, son expérience, ses pensées. Tout est tellement en adéquation avec ma vision de la vie, du monde... Ah je suis contente que tu l'aies autant aimé que moi !
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W
Je partage ton avis c'est certain. Hâte de lire d'autres choses de lui. Je me retrouve un peu en lui.
S
Interessant de lire ton avis, si différent de mes souvenirs... Je l'avais même abandonné assez vite, car je crois me rappeler que le début faisait "inventaire des vivres". Peut être qu'un jour je le retenterai du coup. Mais peut-on accrocher si l'on ne s'identifie pas aux thématiques dont tu parles...
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W
Oui le début c'est l'inventaire donc pas le plus intéressant sûrement (sauf pour ceux qui aiment les listes comme moi :D), après j'avoue que si les thématiques ne te parlent pas, je ne suis pas sûre qu'on peut accrocher au récit.