Les Rougon-Macquart, tome 6 : Son excellence Eugène Rougon d'Emile Zola
Roman classique

Format poche
Edition : Le livre de poche
Date de parution : 2003
Nombre de pages : 480 pages
En 1856, Eugène Rougon, un ancien avocat de province qui a contribué à faire l'Empire et que l'Empire a fait, se sentant proche de sa disgrâce, préfère prendre les devants et démissionner de la présidence du Conseil d'Etat. Mais ses amis ont besoin de lui, et sa chute les embarrasse. Ils s'inquiètent de le voir tromper son ennui par un projet de défrichement des Landes qui le conduirait à une sorte d'exil, et parmi tous ceux qui travaillent à son retour en grâce la plus active est la troublante Clorinde qu'il a refusé d'épouser.
Eugène Rougon, l'aîné des fils de Félicité, c'est le fils prodigue à l'influence indéniable. Cité dans La fortune des Rougon, La Curée ou encore La conquête de plassans, il apparaît enfin en chair et en os dans ce tome clairement politique de la saga.
Zola dénonce avec force les relations intéressées et l'opportunisme qui en découle au sein du monde politique. Lorsqu' Eugène Rougon tombe en disgrâce, tous ses amis vont se mobiliser pour le ramener au plus haut et pouvoir faire aboutir leurs projets. Le népotisme qui règne au sein du gouvernement de Napoléon III est encore d'actualité comme on a pu le constater avec l'affaire Fillon et autres magouilles politiques. A chaque fois, on ne peut qu'être surpris par la modernité de l'oeuvre de Zola.
Comme le roman est centré sur Eugène Rougon, Zola prend le temps de nous le décrire. Physique pataud de bon provincial, il est physiquement imposant tout comme son autorité. Même écarté du pouvoir, rien ne semble l'atteindre. Seule la troublante Clorinde semble capable de le déstabiliser. Femme vénéneuse, elle s'amuse des intrigues politiques en jouant la douce idiote. Elle se révèlera redoutable et intelligente. Elle est le pendant féminin de Rougon et leur affrontement est intéressant à suivre.
Dans l'entourage de Rougon, les messieurs Kahn, Béjuin d'Escorailles... sont des profiteurs qui tournent autour du puissant. Leurs retournements de veste sont éloquents et il est d'autant plus insupportable de les voir se plaindre et d'exiger. Au final, cette cour de carton fait ressortir la dignité la grande détermination de Rougon qui finalement est seul même entouré. Chaque épreuve semble le renforcer et la fin ouverte du roman nous laisse dans l'expectative sur sa situation.
La critique du pouvoir impérial est donc plus directe dans ce tome que dans les précédents. L'empereur et sa femme apparaissent véritablement (ils sont entrevus dans La Curée). Le déploiement de faste pour le baptême, les bals, les cadeaux de Napoléon à ses maîtresses sont étalés au grand jour. On se croirait revenu à l'époque du Roi-Soleil. On ressent toute la superficialité des relations au sein de cette cour où chacun veut être le favori, quitte à devenir le chien ou la chienne de Napoléon III. L'épisode du collier de Clorinde est particulièrement édifiant !!!
A la fin de la lecture, j'étais amère face aux comportements des personnages et au manque de dignité de Clorinde. Rougon, finalement, me paraît sympathique face à eux. Un tome très intéressant sur le monde politique et une critique acerbe qui m'a enchanté tout le long du roman.

