Les rhéteurs, tome 1 : Anasterry d'Isabelle Bauthian
Roman fantasy
Ebook
Edition : Actu SF
Date de parution : 2016
Nombre de pages : 368
Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche, intellectuelle et libertaire baronnie de Civilisation, qui place la maîtrise de soi au rang de vertu suprême. Rien… sauf peut-être un défi de gamins.
Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami Thélban Acremont, entreprennent, pour séduire une jeune fille, de trouver la faille de cette utopie, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets. Et les secrets des puissants ne leur appartiennent pas.
Isabelle Bauthian sait appâter son lecteur. Anasterry s'ouvre sur une lettre mystérieuse dont les propos ne nous paraîtront clairs plus de 250 pages plus loin. Rapidement, nous passons aux héros de cette aventure. Deux jeunes adultes Renaldo fils du baron de Montès et son ami Thélban Acremont, fils d'un chef de guilde sont envoyés à Anasterry sous couvert de relations commerciales. En vérité, le baron de Montès a chargé son cadet de trouver la faille de la baronnie parfaite de Civilisation.
Le début de l'histoire se veut donc léger voire superficiel avec deux garçons qui ne pensent qu'à courtiser la jeune officier chargée de les divertir. Mais le récit va prendre une dimension plus dramatique avec en toile de fond la mort, quelques années auparavant, du frère du baron Cal d'Anasterry et les marais, lieu interdit à tout visiteur.
Loin de se cantonner à une histoire classique de fantasy, l'autrice nous amène à réfléchir sur l'utopie. Kézako ? Pour faire simple l'utopie c'est la représentation d'une société idéale. Et voilà ce qui agace et/ou intrigue les autres baronnies, Anasterry semble trop parfaite avec un régime politique modéré qui s'appuie notamment sur l'opinion du peuple, une égalité pour tous les citoyens même ceux appelés les mi-hommes pourtant opprimés dans tous les autres baronnies et un accès à l'éducation et à l'art ouvert à tous. Rapidement le récit va aborder différentes thématiques : la place des femmes, la place accordée aux différences, la préservation de la paix...
Renaldo représente le citoyen des autres baronnies qui se méfie de cette perfection voire l'exècre. De plus son statut noble lui donne une arrogance et une confiance qui va le pousser à chercher une faille qui, peut-être n'existe pas. Son ami Thélban est, quant à lui, plus enclin à se laisser séduire par la conception politique d'Anasterry. Il montre un visage plus ouvert et tolérant, venant sans doute aussi de son éducation et de sa position. Cal, le baron d'Anasterry, et Constance la femme officier (officière ?) sont des personnages vus ici comme plus éclairés au point de vue sociétal. Toutefois, l'autrice évite avec brio de tomber dans le manichéisme. Chaque personnage recèle ses parts d'ombre.
L'utopie portant bien son nom, le duo masculin découvrira bien une faille que je vous laisse le soin de découvrir. Le séjour dans cette baronnie et la découverte de cette faille fera évoluer Renaldo et Thélban dans leurs psychologies. Chose qu'Isabelle Bauthian met en valeur avec des chapitres consacrés aux deux jeunes hommes quelques années en arrière.
Si le récit est bien construit, il souffre toutefois de longueurs dues en grande partie aux passages consacrés aux pensées de Renaldo et aux retours incessants sur son passé. Il y a peu d'action mais la qualité de l'histoire fait que cela n'est pas gênant. Quant à l'épilogue, il est assez déconcertant mais on ne peut pas accuser l'autrice de manquer de logique. En effet il renvoie à une conversation que Renaldo et Thélban ont vers la fin du livre.
Anasterry est donc un premier tome très alléchant qui donne envie de connaître plus Civilisation. L'épilogue laisse pas mal de questions en suspens dont les réponses sont peut-être dans les tomes suivants même si indépendants (ils se passent toutefois dans le même univers). Un roman intéressant qui m'a permis de renouer avec la fantasy que je délaisse de plus en plus.