Le loup des steppes de Hermann Hesse

Publié le par Walpurgis

Roman contemporain

Format poche

Edition : Le livre de poche

Date de parution : 1979

Nombre de pages : 224

Harry Haller, c'est cet homme hors du monde, isolé, inadapté à la vie de ses semblables, qui se décrit comme un "loup des steppes". Mais c'est un loup à visage humain, à la fois le fauve libre à l'instinct sauvage et carnassier et cet homme sensible, doué d'une grande intelligence et de raffinement. Chez Harry cohabitent deux forces inconciliables et antagonistes, deux penchants radicalement différents qui sans cesse s'opposent et le taraudent. Ses inclinations les plus intimes le rabaissent à la nature tandis que ses plus ferventes aspirations l'élèvent vers l'esprit. Harry en conçoit une infinie souffrance et, avec cette incapacité à demeurer en paix, le suicide apparaît bientôt comme une échappée salutaire. Si "le Loup des steppes menait la vie d'un suicidé", le courage lui manque pour mettre son projet à exécution. C'est alors qu'il rencontre Hermine, son double, qui le conduira sur le chemin de l'harmonie, vers sa pleine condition d'homme.

Conseillé il y a 10 ans, Hermann Hesse est un auteur qui m'avait échappé jusque là. Voilà donc la chose corrigée avec la lecture du roman Le loup des steppes qui narre de façon brève mais riche la crise existentielle d'un homme nommé Harry Haller. 

Harry Haller et Hermann Hesse ne semblent former quasiment qu'un seul homme. Il est nécessaire de connaître un tant soit peu la vie de l'auteur pour prendre la mesure de ce roman. Harry Haller est entre-déchiré entre sa part bourgeoise et sa part sauvage qu'il nomme le loup des steppes. L'homme est si étrange qu'il capte l'attention du narrateur, le neveu de sa locataire, qui découvre un homme à la fois charmant et hors des conventions sociales. Un homme qui, après quasi un an à la pension, disparaît sans crier gare.

Mais Harry a laissé un manuscrit où il raconte son histoire. La fantasmagorie se mêle alors au réel pour lui faire prendre conscience de la multiplicité de l'homme qui finalement ne se réduit pas seulement à une part sauvage, animale et à une part humaine et spirituelle. Avec Hermine, avec qui il forme une complémentarité certaine, Harry Haller alors suicidaire va découvrir que les plaisirs de la vie sont un chemin possible pour forger une croyance avec laquelle vivre.

Ce texte philosophique représente toute une époque, celle de l'entre-deux guerres où la menace d'un nouveau conflit immerge. C'est une période de désespoir, de découragement mais aussi d'effervescence et de fêtes. Cet antagonisme se reflète dans la personnalité de Haller à la suite de son initiation. Car engagé politiquement, Harry est tout d'abord un homme sombre, tourmenté et qui ne trouve que répit dans la beauté des arts notamment la musique et la boisson. Lorsque le bonheur apparaît, initié par ses nouveaux amis, Haller le trouve stérile tout comme l'était son malheur. Par le biais du théâtre magique, trouvera-t'il le sel qui fait nos existences ? 

Ce roman est donc une oeuvre qui place l'homme en questionnement face à lui-même. Le ton est sombre mais poétique et on suit avec intérêt le personnage désespéré qu'est Harry Haller. Toutefois je m'attendais à quelque chose de plus puissant au vu des recommandations que j'ai eu. Je lirai donc d'autres oeuvres d'Hermann Hesse pour en découvrir plus.

Publié dans Contemporaine

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