Océan mer d'Alessandro Baricco

Publié le par Walpurgis

Roman contemporain

Format poche

Traduction : Françoise Brun

Edition : Folio

Date de parution : 2002

Nombre de pages : 283

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...

Après Soie, j'avais envie de relire la poésie qui émane de la plume d'Alessandro Baricco. Si Océan Mer en possède, il émane du récit quelque chose d'indéfinissable et d'un peu bavard qui m'a parfois un peu ennuyé, d'un ennui un peu doux et languide.

A la pension Almayer, se croisent différents personnages dont les hôtes prennent soin. Des hôtes qui ne sont que des enfants, mais intelligents et doués de certaines aptitudes surnaturelles. Les pensionnaires sont au nombre de sept : il y a Plasson, le peintre qui peint la mer avec l'eau de celle-ci, qui se demande où elle commence. le professeur Bartleboom scientifique à la recherche du grand amour qui, lui, cherche à savoir où la mer s'arrête. Ann Dévéria, une femme adultère, envoyée ici par son mari pour "guérir". Elizewin, une jeune femme qui a peur de tout, accompagnée de son précepteur le père Pluche. Le docteur Savigny rescapé d'un naufrage et un septième invité qui reste terré dans sa chambre. Chacun va partager ses doutes et ses rêves avec les autres mais le septième invité qu'on ne connaît pas inquiète...

S'invite bientôt le récit terrible de l'abandon d'un radeau raconté par le docteur Savigny. Une histoire de survie, de folie, de cannibalisme qui n'est pas sans rappelé le frappant tableau de Géricault, Le radeau de la Méduse. Une histoire qui va susciter l'entrée en scène d'un nouveau personnage, Thomas Adams devenu jardinier pour un amiral nommé Langlois passionné par les légendes maritimes. Car ce Thomas était lui aussi sur le radeau...

Théodore Géricault Le radeau de la Méduse

Deux histoires vont donc se télescoper faisant fi des barrières de l'espace et du temps avec la présence des sept personnages qui eux-même ne semblent pas être du même monde. Mais finalement le personnage principal reste la mer ou l'océan. Alessandro Baricco nous livre de beaux passages parfois un peu trop bavards sur l'évolution de la perception humaine de la mer : monde de monstres et de frayeur, endroit poétique, objet de science, moyen de guérison. Il démontre toute la superstition qui s'est construite autour de cet élément d'eau avec les disparitions mystérieuses de bateaux, les phénomènes de feux de Saint-Elme... Derrière l'histoire, se trouve donc une analyse de ce que la mer (ou l'océan) représente pour tout à chacun dans notre imaginaire.

Océan Mer est donc assez surprenant finalement car il va plus loin qu'une histoire entre personnages a priori loufoques, c'est avant tout l'aventure humaine face à sa fascination de l'élément eau. Un récit mêlant absurde, poésie et onirisme qui nous invite à nous bercer au son des vagues.

Publié dans Contemporaine

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