Les Rougon-Macquart, tome 18 : L'argent d'Emile Zola

Publié le par Walpurgis

Roman classique

Format ebook

Edition : Bibebook

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 351

Pénétrer la Bourse, cette " caverne mystérieuse et béante, où se passent des choses auxquelles personne ne comprend rien " : tel est l'un des buts que se donne Zola en écrivant L'Argent (1891).
Spéculation, fraude, liquidation, krach: l'épopée de la Banque universelle fondée par Saccard pourrait être l'histoire d'une grosse machine lente a s'ébranler puis formidable dans sa destruction, conduite par un poète du million qui la chauffe jusqu'à la faire éclater.

Si vous avez lu La Curée, vous retrouverez comme personnage principal Saccard, l'ancien spéculateur immobilier devenu veuf et ruiné. Le frère de Rougon décide de se remettre à cheval en créant une entreprise et en spéculant à la Bourse. Une décision qui va chambouler plusieurs existences dans son sillage. 

Avec L'Argent, Zola nous fait découvrir les coulisses de la Bourse et ce monde va se révéler cruel et impitoyable. Les réputations se font et se défont au fil des cours et les coups bas sont permis. Une hiérarchie naturelle apparaît avec les petits spéculateurs appelés les pieds humides qui se font un peu d'argent sur les banqueroutes   et les grosses fortunes de la Bourse qui ont réussi des gros coups grâce à des actions au prix astronomique. L'argent coule à flot mais la corne d'abondance se tarit parfois à cause de la spéculation galopante que certains prônent. 

Avec tout une galerie de personnages, Zola définit les différents rapports à l'argent. Saccard dont l'argent n'est qu'un moyen pour acquérir influence et richesse, Hamelin un moyen d'améliorer le monde, sa soeur Mme Caroline qui en presque indifférente, les dames de Beauvilliers qui espèrent retrouver leur statut d'antan, la princesse d'Orviedo qui l'utilise pour la charité le considérant comme impur. On aperçoit les débuts du communisme avec Sigismond proche de Karl Marx qui le considère avec dédain alors que son frère Busch et son associée La Méchain font partie des pieds humides. Des portraits divers qui montrent le travail qu'a fait l'auteur sur la psychologie liée à l'argent. 

Si le roman n'est pas exempt de longueurs notamment à cause des descriptions des opérations financières, on se passionne pour le destin de Saccard. Va-t'il atteindre le sommet et pouvoir y rester ? On ne peut que s'amuser de ce personnage ambivalent ni gentil ni mauvais mais qui se révèle un manipulateur génial. Zola nous expose ses défauts dont un antisémitisme exacerbé. Pourtant je n'ai pas détesté ce personnage, il est jouissif de le suivre tout au long de ce roman et de voir ses réactions qui m'ont fait penser à certains hommes politiques actuels pris la main dans le sac. A l'occasion de quelques scènes, on revoit son fils Maxime un des protagonistes de La Curée qui a toujours ce caractère un peu indifférent et la découverte d'un autre fils de Saccard qui permet de découvrir encore son passé. Une petite histoire en parallèle qui laisse planer un certain mystère à la toute fin. 

Malgré mon appréhension, j'ai apprécié ce tome. L'aspect financier peut rebuter mais est bien contrebalancé par l'intrigue avec Saccard qui est un excellent personnage. L'écriture de Zola m'a tout de suite happé par cette simplicité et finesse qui nous fait tout lire avec facilité. Si parfois le contenu est technique, il n'est pas non plus inabordable. Un roman qui se révèle être une bonne surprise.

 

Publié dans Classique

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