Rosée de feu de Xavier Mauméjean

Publié le par Walpurgis

Roman historique et une touche fantasy

Format poche

Edition : Folio

Date de parution : 2010

Nombre de pages : 327

« Les officiers et les hommes du Japon impérial sont tous les membres d’un commando-suicide. »
Bureau d’information du gouvernement japonais, 1944.

1944. Face à l’avancée des forces américaines dans le Pacifique, le haut-commandement de la Marine impériale japonaise applique une tactique de la dernière chance : engager ses pilotes de dragons dans des attaques suicide.
Très vite, un autre feu du ciel s’abat sur le Soleil Levant. Les superforteresses B-29 lâchent sur les grandes villes des bombes au napalm. Seuls de rares pilotes se révèlent assez courageux ou fous pour les affronter sur leurs dragons de combat…
Trois destinées sont balayées par le souffle de la guerre. Hideo, petit garçon qui vit de l’intérieur la souffrance du Japon. Tatsuo, son grand frère, étudiant recruté dans une escadrille suicide. Enfin le capitaine Obayashi, maître archer qui impose la «stratégie de la mort assurée».

Avec Rosée de feu, Xavier Mauméjean nous raconte la fin de la guerre du Pacifique et la chute du Japon en cette fin de 2nde Guerre Mondiale. Particularité de ce monde, les dragons existent depuis des millénaires en Asie et sont chevauchés par les hommes. C'est la petite touche fantasy du roman qui s'intègre parfaitement au récit. 

Nous suivons le destin de trois personnages. Hideo, un petit garçon qui vit le conflit de l'intérieur. Tatsuo, son grand frère, recruté dans une escadrille de kamikazes. Et Obayashi, officier de l'armée et instigateur du programme kamikaze. Ces trois points de vue différents apportent au lecteur une vision globale. Hideo vit le conflit en suivant les informations officielles, une propagande qui clame haut et fort que le Japon vaincra. Tatsuo est un combattant, pièce d'un échiquier contrôlé par les grands pontes de l'armée. Il obéit simplement aux ordres et combat sans relâche un ennemi avec une supériorité technologique difficile à battre. Et enfin Obayashi l'officier est celui qui décide que tout sacrifice permettra au Japon de garder la face malgré une défaite inéluctable. C'est un regard froid et pratique sur la guerre et ses conséquences.

Le récit utilise plusieurs temporalités. Si 1944 est la date charnière de l'histoire, on remonte parfois dans le temps via des communiqués de ministères ou sur l'histoire d'Obayashi. 1944 est le début de la fin pour les japonais. les Etats-Unis reconquièrent petit à petit les îles du Pacifique ce qui permet à leurs bombardiers de s'approcher du Japon. C'est à ce moment qu'est donc décidé la stratégie des kamikazes malgré une réticence évidente de certains officiers. Xavier Mauméjean dissèque avec brio les rivalités internes de l'armée japonaise, les dissensions au sein du gouvernement et le rôle particulier de l'empereur.

L'auteur a nommé ses chapitres à partir des cinq éléments chinois : métal, eau, feu, bois et terre. Ce choix peut surprendre si on ne connaît pas du tout l'histoire entre ces deux pays. Il ne faut pas oublier que le Japon a envahi la Chine et y a perpétré des atrocités. Si Xavier Mauméjean les mentionne rapidement (massacre de civils, unité 731...), je vous conseille la lecture de L'homme qui a mis fin à l'histoire de Ken Liu qui relate la fameuse unité 731 si vous voulez en savoir plus. 

L'auteur s'est extrêmement bien documenté et la bibliographie utilisée m'a paru vraiment intéressante. Avec ce roman, j'ai pu comprendre les aspects politiques et culturels qui ont influencé les japonais durant ce conflit. L'empire menait une politique expansionniste, persuadé d'être le phare de la culture asiatique mais qui ne pouvait s'empêcher de se sentir menacé par les étrangers. Leur politique centrée sur la figure de l'empereur honoré comme un dieu mais pourtant contesté donne une couleur particulière aux événements qui émaillent le règne de Hirohito pendant la guerre. L'auteur explique en postface la construction de son récit qui s'inspire du buraku, une forme de théâtre japonais. Mes connaissances sont nulles à ce sujet mais en tout cas cette structure de récit m'a beaucoup plu permettant trois points de vue ostensiblement différents et la plongée dans les pensées des personnages. Le récit peut paraître froid et distant mais cela ne gomme pas pour autant les horreurs de la guerre.

J'ai failli oublier de vous parler des dragons. Ils sont la curiosité du livre. Xavier Mauméjean nous offre une véritable dracologie. Sorte de survivants de sauriens aquatiques, les dragons ont survécu pendant des millions d'années. L'auteur nous présente les différentes espèces, leurs caractéristiques, leurs particularités. Il a donné une touche de réalisme incroyable aux  dragons en les traitant comme des montures de guerre tout à fait normales tels les chevaux.

Ce livre a donc été une très belle surprise. C'est intéressant, intelligent, bien documenté. J'ai appris énormément de choses et ça j'adore. L'auteur nous fait découvrir un pan de la 2nde Guerre mondiale assez méconnu en France en respectant le sujet tout en apportant de l'originalité. Je vous encourage à lire ce roman car il va au-delà de simples combats aériens.

  

Publié dans Historique, Fantasy

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