Nouvelles de Pétersbourg de Nicolas Gogol
Recueil de nouvelles
Format poche
Edition : Folio
Collection : Classiques
Date de parution : 2007
Nombre de pages : 320
Attaché, tel un diable visionnaire, aux pas chancelants de ses personnages, pantins grotesques autant qu'ils sont pathétiques, Gogol parcourt Pétersbourg, transfigurée sous sa plume en un inquiétant théâtre d'ombres.
Ce recueil compte 5 nouvelles :
- La Perspective Nevski
- Le Portrait
- Le Journal d'un fou
- Le Nez
- Le Manteau
A travers ses cinq nouvelles, Gogol a choisi comme théâtre la ville de St Pétersbourg. Via un prisme fantastique (mis à part pour La Perspective Nevski), Gogol rend la ville inquiétante et aliénante, chaque protagoniste perd un peu de son âme dans cette ville.
La Perspective Nevski : Le titre de cette nouvelle n'est autre que l'artère principale de St Pétersbourg. Deux amis qui se sont rejoints pour une promenade vont suivre chacun la femme qu'ils ont repéré dans la rue. Séparés, les deux hommes vont connaître des destins différents. Piskariov, le jeune peintre idéaliste, tombe des nues lorsqu'il se rend compte que la jeune femme convoitée n'est autre qu'une prostituée. De son côté, son ami Pigorov insiste tout de même à séduire celle qu'il a suivi malgré qu'elle soit mariée.
L'auteur nous met en parallèle deux hommes différents, chacun représentant un aspect d'un pétersbourgeois. Le rêveur Piskariov et le réaliste Pigorov, aucun des deux ne connaîtra une fin heureuse. Cette nouvelle est la seule du recueil a ne pas être teintée de fantastique mais présente une ville à deux visages à la fois séduisante et maléfique, aspects que l'on retrouve dans les autres récits.
Le Portrait : Tchartkov, jeune peintre, achète un portrait d'un vieillard dans une brocante. le réalisme de la toile mais surtout les yeux du portrait le fascinent complètement mais bientôt la désagréable sensation que le portrait est vivant l'obsède et le terrifie.
Ce récit est celui d'un pacte avec le diable. Influencé par le portrait, le protagoniste y perdra son talent et par extension son âme. Ebloui par les ors de la belle société, il devient un peintre mondain loin de sa philosophie de travailler dur pour se remplir de son art. Une critique acerbe des peintres de société maîtrisée où Gogol exhorte le peintre à travailler dur et humblement pour atteindre le point culminant de son art.
Le Journal d'un fou : Plongé dans les pensées d'un petit fonctionnaire insignifiant, le lecteur voit apparaître petit à petit la folie du personnage. Des chiens qui parlent, qui révèlent les secrets de leurs maîtres puis un folie de plus en plus grande jusqu'à réclamer un royaume.
Coincé dans une fonction plus que subalterne (il taille des plumes), méprisé par son supérieur et ses collègues, le personnage se retrouvé broyé par la machine bureaucratique. Pour s'en sortir, son esprit plonge en plein délire tout en conservant un lien fragile avec la réalité. Une critique de l'administration et de la bureaucratie intéressante qui se retrouve dans d'autres nouvelles de Gogol.
Le Nez : Kovaliov, assesseur dans un collège, se réveille un beau matin sans nez. Désespéré, il se met à sa recherche alors que le nez semble décider à vivre sa propre vie.
Une nouvelle absurde où l'on suit les tribulations du personnage avec plaisir. Son désespoir de ne plus pouvoir participer au monde social le plonge dans une quête où sa conversation avec son nez est le summum de l'histoire.
Le Manteau : Un fonctionnaire qui a peu de moyens porte un pauvre manteau qui ressemble à un haillon. Moqué par ses collègues et ses chefs, il se décide à le changer avec la venue d'un froid intense.
Cette nouvelle est à la fois tragique et drôle. Tragique car le personnage se sacrifie pour avoir son manteau et connaîtra une fin triste. Drôle car la fin se veut effrayante comme un conte pour enfants où l'on retrouve notre personnage en mode fantastique. Une histoire qui montre encore une fois la misère des petits fonctionnaires et le mépris dont ils sont l'objet.
En conclusion, un recueil de nouvelles qui est une critique sociale de la société de l'époque. La ville de St Pétersbourg est perçue comme corruptrice, écrasante, faisant disparaître les protagonistes dans ses ténèbres. Un recueil finalement bien sombre dont l'écriture mêlant fantastique et absurde est un plaisir à lire.