Va et poste une sentinelle d'Harper Lee

Publié le par Walpurgis

Roman américain

Format poche

Edition : Le livre de poche

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 352

Jean Louise Finch, dite « Scout », l’inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, est de retour dans sa petite ville natale de l’Alabama, Maycomb, pour rendre visite à son père Atticus. Vingt ans ont passé. Nous sommes au milieu des années 1950, à l’aube de la déségrégation, et la nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l’a façonnée mais dont elle s’est éloignée en partant s’établir à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit et voir vaciller toutes les fondations de son existence, politiques, sociales et familiales.

En 2015, à la surprise générale, Harper Lee fait éditer la suite de son roman culte Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Plus de 50 ans après son premier roman, la suite était donc attendue. 

L'action a lieu environ 20 ans après les événements de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. La ségrégation est encore en place mais les choses changent petit à petit dans la société américaine. Scout vit désormais à New York mais revient de temps en temps à Maycomb voir son père. Toujours autant indépendante d'esprit et plus libérale que jamais, elle va être confrontée brusquement à la réalité dans le sud des Etats-Unis, pour eux la déségrégation ne doit pas avoir lieu, et perdre les idéaux qu'elle avait conservé de son enfance.

Le roman retranscrit parfaitement l'ambiance des années 50 et l'atmosphère particulière du sud. Je regrette que la partie sur la fondation du comté de Maycomb soit un copié-collé de celui du premier roman et que quelques incohérences posent des questions sur une relecture sérieuse. En effet il est mentionné l'acquittement de Robinson alors que ce n'est pas le cas dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et l'apparition de ce Henry Clinton soit-disant un bon ami d'enfance que l'on ne voit pas du tout dans le roman pré-cité (ou je l'ai complètement oublié). 

La première partie est consacrée aux questionnements de Scout sur sa vie future. Libre d'esprit, elle ne se voit pas enfermée dans un mariage avec Henry et de devoir organiser des tea time. Au fur et à mesure, les modèles de femmes qui défilent sous les yeux de Scout (dont sa fameuse tante Alexandra) la perturbent de plus en plus. Mais le choc vient avec un petit fascicule disant l'infériorité des noirs qui appartient à son père. Comment Atticus qui, vingt ans plus tôt, risquait sa vie et son honneur pour défendre un noir peut adhérer à de telles infamies ? Commence la quête de Scout pour découvrir pourquoi son père mais aussi son fiancé nient la citoyenneté aux noirs. 

S'ensuivent des discussions un peu longuettes avec Atticus, Henry ou encore l'oncle excentrique Jack. Malheureusement rien ne paraît très clair sur le plan politique et les arguments laissent pantois. Toutefois, cette réalité a existé et je pense c'est ce que l'auteure a voulu transmettre, son erreur est de confier le rôle à Atticus qui contredit tout ce qu'il a accompli et transmis à ses enfants. Finalement, Scout devra enterrer ses idéaux de petite fille et le paradis de son enfance dans un final pompeux qui se termine de façon brusque. 

Ce roman m'a fat l'effet de manquer des clés pour comprendre les motivations des personnages tels Atticus ou Henry. Je pense qu'une connaissance historique de la ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis est un plus car je crois que pour notre société actuelle les arguments semblent faibles et irrecevables. De plus, le roman semble avoir été publié un peu à la va-vite  sans avoir été retravaillé vu les incohérences flagrantes comme si on se dépêchait avant qu'Harper Lee passe l'arme à gauche. Je conseille donc aux lecteurs de ne lire que Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur tant cette suite me paraît bâclée.

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