La Peste d'Albert Camus

Publié le par Walpurgis

Littérature contemporaine

Format poche

Edition : Folio

Date de parution : 1992

Nombre de pages : 279

«– Naturellement, vous savez ce que c'est, Rieux?
– J'attends le résultat des analyses.
– Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment... Et puis, comme disait un confrère : "C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident." Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est...
– Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.

Lu lentement et savouré, La peste fait maintenant partie des classiques à lire et à découvrir. Sans doute beaucoup étudié à l'école (ce qui n'a pas été mon  cas), j'ai eu le droit à moult :"Tu sais qu'en fait, il parle du nazisme/de la guerre." 

Et oui, ce roman est une parabole de la guerre, de la montée du nazisme mais je dirais aussi de la lutte contre le mal sous toutes ses formes. C'est surtout un roman sur l'humain vu à travers différents protagonistes tous masculins (les femmes sont absentes ou presque) face au danger qui monte et les assaille. Le narrateur qui cache son identité avant de la révéler à la fin est distant et du coup le récit ressemble plus à une chronique des faits. Le lecteur ressent peu d'émotions pendant la lecture sauf à quelques exceptions près. Ce roman est froid et pourtant d'une beauté certaine, l'écriture de Camus est superbe et même la triste Oran a quelque chose d'attirant.

La maladie marque l'isolement de la ville, la fin de la routine quotidienne qui va donner naissance à une autre qui questionne sur la condition humaine. D'abord la révolte, l'absence insoutenable de l'autre puis la résignation voire l'ennui. Le combat sans fin pour certains, déterminé à soigner tel le Docteur Rieux, presque un saint dans son abnégation, qui arrive à regrouper autour de lui une galerie d'hommes différents dont Tarrou, son voisin et étranger à Oran, qui tient un journal sur l'événement. Ayant confiance en l'homme, il va petit à petit entrer en résistance contre la maladie et épauler Rieux. Joseph Grand, obsédé par sa première phrase de roman, le plus lucide sur la condition humaine, Cottard, un homme étrange et égoïste, qui trouve des avantages à la peste. Paneloux le prêtre d'abord persuadé que la maladie est un fléau envoyé par Dieu pour punir ses concitoyens. Rambert un journaliste voulant quitter la ville qui va s'engager auprès de Rieux tardivement mais aussi Othon, le juge, qui va connaître une terrible épreuve qui l'engagera auprès du docteur. 

On voit donc que Camus décrypte la résistance et la collaboration (Cottard) face à l'avancée de la peste (le nazisme). A noter qu'un des personnages annonce que le bacille de la peste ne disparaît jamais tout à fait, une piqûre de rappel à rester vigilant face à la montée des extrémismes. La peste est un roman un peu difficile à aborder, une impression d'ennui et de longueurs peuvent parasiter la lecture si le sujet ne nous passionne pas. Pour ma part, j'ai été conquise par la beauté de l'écriture et l'analyse de l'humain.

 

Publié dans Contemporaine

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