Second voyage à travers l'Amérique latine d'Ernesto "Che" Guevara
Ecrit politique

Traduction : Martine Thomas
Edition: Mille et une nuits
Date de parution : 2006
Nombre de pages : 212
Otra vez ", " encore une fois ", Ernesto Guevara repart, en juillet 1953, moins d'un an après son premier périple à motocyclette qui l'avait conduit de Buenos Aires à Miami. Cette fois-ci, il n'est plus l'étudiant attiré par le romantisme de la route et des aventures : il a découvert " la misère, la faim, l'impossibilité de soigner des enfants, faute de moyens, et l'avilissement causé par l'injustice et la souffrance " ; mais, surtout, il s'intéresse désormais à la situation politique des pays qu'il traverse. Le jeune médecin sillonne le continent, de la Bolivie au Guatemala, dans une précarité certaine ; il se lie aux opposants des régimes dictatoriaux et se mêle à leurs activités. Déjà, à deux reprises, il a rendez-vous avec l'Histoire : la crise de la révolution bolivienne et le coup d'État au Guatemala. En fin de course, au Mexique, son destin de révolutionnaire sera scellé : il cesse de rédiger son journal pour suivre Fidel Castro dans l'aventure cubaine et la lutte contre Batista. Il est désormais le Che.
Lorsqu'Ernesto repart sur les routes en juillet 1953, il ne sait pas encore que sa vie sera chamboulée à jamais. Il ne retournera pas en Argentine et partira libérer Cuba en compagnie de Fidel Castro. Profondément politique, ce journal se différencie énormément de celui écrit un an auparavant par une jeune étudiant en médecine rêveur et romantique. Depuis, Ernesto a obtenu son diplôme et s'est profondément politisé devenant anti-péroniste et anti-occidental. Le voyage qu'il a programmé est avant tout un parcours politique pour observer les changements qui secouent le continent depuis peu. Se liant aux opposants des régimes en place, Guevara va connaître la détention et la clandestinité loin des tours de cochon qu'il jouait à son premier voyage pour pouvoir manger et se loger. Si on retrouve toujours un peu de sa roublardise, le ton est plus sérieux, les écrits analytiques et précis, empreints d'une conviction énorme sur le devenir de l'homme et de la fierté sud-américaine.
Plus qu'un récit de voyage, on a affaire à un récit politique. Décrivant les différents gouvernements selon les pays qu'il traverse, Guevara est en mode lutte. Si la Bolivie semble le ravir car vibrant sur un air de changement, il sortira déçu d'une révolution qui laisse en place les inégalités raciales. C'est ensuite au Guatemala où un gouvernement populiste entreprend des réformes qu'il se sent à sa place et où il tentera de s'établir et rencontrera sa première femme, Hilda. Mais un coup d'état et l'emprisonnement de sa femme, guidera Ernesto au Mexique où il rencontrera un certain Fidel Castro... Le journal s'arrête là et le jeune homme deviendra une légende vivante puis un mythe à sa mort.
Si la politique vous rebute, ne lisez pas ce journal profondément politisé et loin des descriptions romantiques du premier carnet. Finies les citations d'écrivains, Che Guevara analyse la situation du continent américain et la domination des Etats-Unis et des gouvernements qui leur sont acquis.Seules plusieurs pages sur les trésors archéologiques du Mexique notamment les pyramides mayas laissent entrevoir l'ancien Ernesto. Un encart de photographies d'époque agrémentent le récit.
Il est intéressant de voir comment en moins d'un an, un jeune homme un peu rêveur, idéaliste s'est transformé en futur révolutionnaire. Etre plongée dans une époque charnière de la vie de cet homme est incroyable. Les convictions sont profondes, réfléchies parfois contradictoires mais on sent une véritable foi pour un changement radical. Les lettres envoyées à sa famille et ses amis mettent en éclairage un nombre important de ses choix. Un document intéressant et incontournable si vous voulez en savoir plus sur cet homme.
