Trois jours et une vie de Pierre Lemaître

Publié le par Walpurgis

Policier

Grand format

Edition : Albin Michel

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 282

"A la fin de décembre 1999, une surprenante série d'événements tragiques s'abbatit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt. Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir. Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien..."

Après l’excellent Au revoir là-haut, j’étais impatiente de lire ce thriller gagné lors d’un concours sur le Capharnaüm éclairé.

Dès le début, Pierre Lemaître pose le cadre de son histoire : une petite ville de campagne où chacun se connaît, où tout semble figé, immobile. Antoine, pré-ado en manque de reconnaissance, élevé par une mère seule un peu amère, va commettre un acte violent et irréfléchi qui va influencer sa vie entière.

Dès l’instant où il commet l’irréparable, le lecteur est plongé dans l’esprit d’Antoine. Culpabilité, remords, mensonge, soulagement, tous les sentiments de l’enfant sont mis à nu tandis que les recherches pour retrouver la victime ont lieu. On ne peut s’attacher à un tel personnage qui renvoie au pire de la raison humaine, au déni qu’on développe pour se protéger et pourtant on ne souhaite pas qu’il se fasse arrêter. Un étrange sentiment ambivalent nous envahit au fil de la lecture et ce jusqu’à la fin de la première partie.

L’angoisse et la paranoïa d’Antoine règnent dans son cerveau et se communiquent au lecteur jusqu’à la délivrance personnifiée par la tempête de 1999. Sa vision de l’affaire est parasitée par son acte et sa vision d’enfant. Ce roman montre peu le ressenti des adultes et c’est seulement vers la fin qu’on en apprend un peu plus sur eux à ce moment-là.

Arrivé à la deuxième partie, on se sent moins en empathie face à un Antoine devenu adulte. Fuyant son passé, il vit une existence décousue dont il ne semble pas vraiment avoir la maîtrise. Le lecteur est alors en attente, on se doute que l’affaire va ressortir mais là encore l’auteur a su jouer la surprise. Après une erreur, Antoine reviendra sur les lieux de son enfance préférant la lâcheté afin de garder son secret. Un final pathétique qui montre que rien ne reste jamais impuni.

Si le récit est assez lent, Pierre Lemaître donne de l’intérêt à son récit grâce à un personnage principal très humain bien que détestable et à un environnement travaillé d’une petite ville plutôt glauque. Il décrit une vie banale voire monotone mais dont un évènement tragique va tout bousculer mais qui ramènera son anti-héros au point de départ. Une sorte de rédemption à double tranchant qui coincera Antoine dans ce qu’il a toujours voulu fuir.

Une lecture agréable et très bien foutue qui m'a donné envie de tourner les pages.

 

Publié dans Policier

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M
Content qu'il t'ait plu, j'avais trouvé des similitudes avec le classique "crime et châtiment" notamment sur la notion de culpabilité qui ronge un antihéros bien antipathique. ;)
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W
Ca me changeait de mes lectures habituelles, le côté psychologique était très intéressant. Ah ! Je n'ai pas lu ce livre, peut-être un jour !