Contes d'amour de folie et de mort d'Horacio Quiroga
Recueil de contes
Grand format
Traducteur : Frédéric Chambert
Edition : Métailié
Collection : Suites
Date de parution : 2000
Nombre de pages : 196 pages
Dans ces récits solidement construits, l’inquiétante étrangeté de chaque détail, l’horreur toute simple – donc absolue – et le réalisme sont l’aliment d’un fantastique aussi spectaculaire qu’ambigu; fantastique parfois drôle, plausible et cependant opaque comme peuvent l’être la monstruosité de l’enfance, la force tonnante d’un fleuve en crue, l’inclémence de la forêt vierge et des midis tropicaux ou le délire de l’homme, délire de l’amour ou folie de la mort. Avec Quiroga nous retrouvons une des principales sources de cette manière d’écrire latino-américaine qui réconcilie l’infernal trio du fantastique, du merveilleux et du réalisme pour atteindre l’onirique à travers le sordide.
Ce recueil regroupe 15 contes aux styles variés :
-La poule égorgée, les bateaux suicide, le solitaire, l'oreiller de plumes, la mort d'Isolde, à la dérive, l'insolation, les barbelés, les tâcherons, Yaguaï, les pêcheurs de grumes, le miel sylvestre, notre première cigarette, une saison d'amour, la méningite et son ombre.
Après la lecture de ce recueil, le choix du titre m'a paru judicieux. L'amour entraîne la folie qui elle-même entraîne la mort. Certes, ce n'est pas le cas dans les 15 histoires mais au moins un élément y est présent.
Il est impossible de dissocier son oeuvre de la vie de Quiroga. Une vie entrecoupée de faits tragiques (de nombreux suicides dans son entourage direct) et son isolement volontaire dans la jungle uruguayenne. Le fait est que cette connaissance de la nature sauvage ressort parfaitement dans ses récits (le miel sylvestre). La cruauté, la violence marquent au fer rouge la plupart des textes (la poule égorgée, le solitaire). Les amours sont tragiques, teintés de folie (le solitaire) ou de regrets irrémédiables (la mort d'Isolde, une saison d'amour). Les ambiances angoissantes se succèdent, rien n'expliquant l'irrationalité de la situation (les bateaux suicide) dans la majorité des cas. Le monde de Quiroga semble bien sombre et toujours avec cette épée de Damoclès qui plane au-dessus : la brusquerie de la folie.
Même l'utilisation d'animaux en personnages principaux (l'insolation, les barbelés, Yaguaï) n'adoucissent pas le propos. Seule l'ironie dont fait preuve l'auteur apporte un semblant d'humour au sein de cette violence naturelle.
Certaines histoires sont l'occasion de décrire la société uruguayenne notamment la condition misérables des péones (les tâcherons, les pêcheurs de grumes).
Le tout est écrit avec un style précis, simple et percutant, pas de fioritures ou d'effets de style. On retrouve le réalisme magique qui se déploiera avec notamment Gabriel Garcia Marquez. Je rejoins nombre de mes camarades blogueurs, le traitement de ces contes fait fortement penser au Maupassant fantastique.