Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Celeste Ng

Publié le par Walpurgis

Drame

Grand format

Traducteur : Fabrice Pointeau

Edition : Sonatine

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 171 pages

Lydia est morte.
Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore…
Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus.
Mais le corps de Lydia gît au fond d’un lac.
Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être comblées.

Celeste Ng frappe fort avec ce premier roman traitant d'une famille sino-américaine dans les années 60-70. Lydia, la fille aînée, est retrouvée morte et c'est alors que les secrets de famille vont refaire surface. Ne vous attendez pas à une enquête entourée de mystère. L'auteur nous plonge dans le passé d'une famille normale, la genèse qui aboutit, des années plus tard, au décès de Lydia.

Le lecteur plonge dans les pensées intimes de chaque membre de la famille. James, le père, fils d'émigrés chinois qui a souffert de racisme. Marylin, la mère, qui rêvait d'être médecin mais qui a été victime de son statut de femme. Nath, le frère brillant, qui rêve de liberté, Hannah, la petite soeur invisible et enfin Lydia, l'espoir de ses parents.

Chaque personnage est important apportant des indices sur leur vie de famille. Avec James et Marylin, nous remontons à leur enfance, leur rencontre et leur mariage. Nous découvrons alors des rêves bafoués, une société intolérante face à un mariage mixte, des histoires de famille, des espoirs déçus. Tout ceci réapparaît, des années plus tard, dans l'éducation des enfants. En voulant le bien pour leurs enfants, James et Marylin les ont écrasé d'obligations et de contraintes. Pire, en mettant tous leurs espoirs en Lydia, ils en oublient les autres : Nath et Hannah. Les rapports de la fratrie sont disséqués, comment trouver sa place ? Prendre son propre envol ? Se construire avec le poids du passé ?

J'ai été très touchée par chacun des membres de la famille. Prisonniers de leurs passés, de l'inconscient collectif familial et de l'inconscient collectif du groupe ethnique, chaque membre est tourmenté par des démons. Leurs réflexions, leurs ressentis, me suivent encore quelques jours après la fin de la lecture. Ca m'a beaucoup fait réfléchir sur ma famille, ce qu'on souhaite pour nos enfants en se disant qu'en voulant le bien, on peut être à côté de la plaque et rater l'essentiel. Le malaise que nous ressentons au contact de l'intimité de la famille est palpable. En tant que spectateur, il est facile de se rendre compte de la pression qui existe à différents niveaux. De plus, la famille Lee, de par sa mixité ethnique, est victime d'un racisme ordinaire acceptée et considérée comme acceptable par la société. Une pression supplémentaire pour eux notamment pour James qui ne souhaite que s'intégrer.

 Celeste Ng utilise les mots justes pour nous parler de cette famille. Même en nous parlant de l'intimité, une certaine pudeur est présente. L'écriture est belle, empreinte de nostalgie et de retenue notamment sur les passages du présent où l'absence de Lydia submerge ses parents et sa fratrie.

Ce livre restera longtemps dans ma mémoire grâce à son histoire et aux réflexions qu'il m'a apporté. Même si la genèse du couple James et Marylin m'a moins plu, j'ai tourné les pages sans me lasser et beaucoup de passages m'ont profondément touché. C'est un très beau livre que j'ai d'ores et déjà recommandé à plusieurs personnes.

 

 

 

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