Nomade j'étais d'Edmonde Charles-Roux

Publié le par Walpurgis

Biographie

Grand format

Edition : Grasset

Date de parution : 1995

Nombre de pages : 569 pages

Depuis longtemps, la figure d'Isabelle Eberhardt (1877-1904) hésite entre une histoire et une mythologie dont personne, à ce jour, n'avait osé explorer toutes les énigmes. Que savait-on, en effet, de cette jeune femme d'origine russe qui décida, par défi, de se convertir à l'islam et de rompre avec les mœurs de notre temps ?

A la lecture d'Un désir d'Orient, j'étais très mitigée malgré la légende qui entoure Isabelle Eberhardt. Dans Nomade j'étais, Isabelle vit enfin son rêve en étant en Algérie mais sa vie sera très mouvementée.

En Algérie, Isabelle est Si Mahmoud. Un jeune étudiant qui souhaite s'instruire dans les zaouiyas, les conféries religieuses. Elle vit en nomade entre les déserts et les montagnes. Et si les arabes l'accueillent avec joie et la respectent malgré sa vie atypique (certains savent qu'elle est une femme), l'administration française voit d'un mauvais oeil cette femme qu'elle considère comme une trouble fête.

En nous décrivant le contexte colonialiste, les affaires de l'époque (notamment celle du marquis de Morès), Edmonde Charles-Roux nous raconte toutes les difficultés qu'a eu Isabelle pour vivre en Algérie. Dénigrée, chassée, elle pourra toutefois compter sur quelques appuis notamment militaires.

Si on s'acharne sur elle c'est que son mode de vie choque. Elle collectionne les aventures avant de se marier avec Slimane Ehni, un spahi français musulman. Elle shabille en homme arabe, se fait appeler Sidi Mahmoud, se convertit à l'islam, fume et boit dans les troquets douteux. Dans une époque où l'occidental ne se mélange pas aux autres, sa conduite est vue comme provocatrice et irrespectueuse. Mais Isabelle était libre comme bien peu de gens le sont et a vécu sa vie comme elle l'entendait. Elle vivait son rêve malgré une vie miséreuse (elle ne touchera jamais son héritage) et peut se targuer d'avoir connu la vraie Algérie. De nomade, elle deviendra journaliste avant qu'une mort prématurée l'emporte.

Mon ressenti est donc très positif. La vie d'Isabelle était passionnante à lire et j'ai aimé découvrir l'Algérie coloniale de la fin 19e et début 20e siècle. Je me suis pris d'amitié pour cette aventurière malgré son caractère naïf et emporté. Elle montre une intelligence et une tolérance rare, une vraie sincérité. Ses notes montrent son amour exclusif pour l'Algérie et les arabes mais aussi un attachement plus personnel : son amour pour Slimane.

Alors si vous souhaitez connaître cette femme d'exception, je vous conseille cette biographie riche et dense.

 

 

 

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